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La Tunisie a besoin d’hommes capables de mener de vraies réformes

Palais-du-Gouvernement-Tunisie

Palais du gouvernement de la Kasbah.

Lettre ouverte à monsieur le président de la république Béji Caïd Essebsi : «Vous devez sortir la Tunisie de la léthargie et du doute!»

Par Moncef Kamoun*

Cinq ans déjà écoulés depuis la révolution et les Tunisiens ne cessent de réclamer leurs droits à la liberté, la dignité et la justice sociale, les jeunes se sentent trahis et laissés en marge de tout processus de développement, les régions intérieures du pays, longtemps exclues du développement, voient leurs attentes d’un changement déçues.

Une révolution pour rien

L’espoir que la révolution de la dignité et de la liberté a fait naitre, ce soulèvement mené par une jeunesse aux abois, au bord de la crise de nerf, s’est transformé, année après année, en une grande déception.

Cette révolution a donné lieu, plutôt, à une lutte acharnée pour l’accaparement du pouvoir, à une économie en ruine et à une situation sociale intenable.

Aujourd’hui, le débat public reste décalé, avec des partis politiques qui s’entredéchirent tout en demeurant incapables de jouer le rôle qui leur est dévolu en termes d’encadrement de la population et de son orientation.

Le pays est en train de payer le prix fort de ce laxisme avec lequel les premiers gouvernements post révolution ont traité les affaires de l’Etat.

L’incompétence et la maladresse sous la Troïka, l’ancienne coalition gouvernementale dominée par le parti islamiste Ennahdha, a laissé la place à l’immobilisme et au report, sous le gouvernement du technocrate Mehdi Jomaa; et à présent, le gouvernement Habib Essid n’a pour but que la satisfaction de la volonté indécise et fractionnée des 4 partis composant la coalition gouvernementale… Tout cela a amené à la chute ininterrompue de l’économie tunisienne, à la perte de confiance des opérateurs, au dysfonctionnement du secteur productif, à l’aggravation des déséquilibres macroéconomiques et à la dévalorisation du travail et de l’effort.

C’est la déception chez les citoyens et un ras-le-bol total face à des changements qui n’arrivent pas, à des investisseurs qui tardent à s’installer dans les régions si longtemps marginalisées, et ce en dépit des promesses faites par chaque gouvernement au cours des 5 dernières années.

Un pays qui sombre dans le doute

Les Tunisiens sont, aujourd’hui, perdus face à ces débats politiques creux et stériles. Désillusionnés, ils ont fini par perdre leurs repères et attendent que les promesses faites soient tenues et que leur vie quotidienne s’améliore mais notre pays sombre dans le doute.

Face à ces grandes attentes, on a l’impression que rien et personne ne bouge, alors que la stratégie et les actions du gouvernement sont loin d’être à la hauteur des enjeux.

A présent, et souffrant d’une perte de crédibilité, le gouvernement semble déconnecté des réalités des citoyens et manque de courage et d’audace pour faire face à la situation.

Vous dites souvent, monsieur le président qu’en politique, il n’y a que le résultat qui compte et le résultat, comme vous le voyez vous même, est aujourd’hui tout à fait médiocre.

Ce gouvernement est très lent et les Tunisiens pensent qu’il n’est pas capable de faire face à la situation.

Aujourd’hui, tout doit aller beaucoup plus vite et il est également urgent qu’un horizon soit enfin déterminé avec des objectifs réalistes et clairs.

La Tunisie n’a plus le droit à l’erreur et chaque minute compte, il faut donc avoir le courage de dire la vérité toute la vérité aux Tunisiens.

Il est aussi urgent que le pessimisme ambiant soit modéré par un optimisme de l’action afin d’éviter  tout échec.

Miser sur la compétence et du talent

Monsieur le président, selon les résultats d’un récent baromètre politique, une écrasante majorité des Tunisiens «plus que 70%» pensent que leur pays n’est pas sur la bonne voie. Jamais la Tunisie n’a eu autant besoin d’un grand leader capable de la faire sortir de sa léthargie en apportant les bonnes solutions aux vrais problèmes.

Monsieur le président, votre pays est en souffrance et qu’à ce titre, il a besoin de grands hommes pour mener les grandes réformes. Il a aussi besoin de faire de la compétence et de l’intelligence les seuls critères pour accéder aux hautes responsabilités.

Tout n’est pas encore perdu et nous devons ensemble mettre la Tunisie sur la bonne voie en faisant confiance à des jeunes patriotes plein de talent et ambitieux.

Le pays ne manque pas de compétences en finance, en technologie, en économie. Ils portent en eux l’espoir de leur peuple, qui a besoin plus que jamais d’hommes et de femmes qui incarnent l’audace et la détermination par le travail et l’effort.

Monsieur le président, vous ne devez pas vous tromper de trajectoire. Vous devez considérer l’intelligence et la compétence comme des principes cardinaux pour valoriser la réussite, car l’heure n’est plus à la démagogie idéologique mais à la production d’idées pour réussir le tournant du développement.

* Architecte.

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