La famille de Slim Chraiti, un Tunisien mort dans de mystérieuses circonstances à Bonn, accuse son épouse allemande de meurtre.
Slim Chraiti (29 ans) a été découvert brûlé dans son lit, dans l’appartement où il vivait avec son épouse allemande de 48 ans, le 11 janvier 2016. Sa famille a été informée du drame deux jours plus tard, par des amis du défunt habitant en Allemagne, et le corps a été rapatrié en Tunisie le 20 du même mois.
La presse allemande a parlé d’un «Tunisien qui s’est immolé par le feu», mais la famille du défunt soupçonne son épouse de l’avoir tué et d’avoir fait croire à un suicide. Le dossier est d’ailleurs en cours d’instruction en Allemagne.
Me Chahine Khelifi, avocat de la partie plaignante, a confié à Kapitalis des détails sur l’affaire qui tiendrait davantage du meurtre que du suicide.
«Salem, le frère du défunt, a refusé de récupérer le corps à son arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage. Car, d’une part, les documents de l’autopsie faite en Allemagne n’ont pas été reçus, et d’autre part, le corps de Slim n’était brûlé qu’au niveau du torse et il était en position de garde», a précisé l’avocat. Ce qui a conforté les doutes du frère, qui parle de meurtre, et poussé le procureur de la république, à Tunis, à ordonner une autopsie pour déterminer les circonstances du décès.
«Slim était en conflit avec son épouse. Il se plaignait de son comportement à sa famille, car elle lui confisquait son salaire et le maltraitait. Pis encore: 3 heures avant le drame, Slim avait confié à sa nièce, dans un message Facebook, que sa femme menaçait de le tuer, ajoutant que cela l’inquiétait», a ajouté Me Khelifi, indiquant que l’épouse n’a non seulement pas informé la famille du décès, mais elle n’a plus donné de nouvelles depuis le drame. Ce qui est encore plus étrange de la part d’une femme qui venait de perdre son mari dans des circonstances aussi dramatiques.
Rassemblement de la famille du défunt devant le siège du gouvernorat de Sfax.
Les autorités allemandes ont fait rapatrier le corps de Slim sans en informer le consulat général de Tunisie à Bonn ni le ministère tunisien des Affaires étrangères. Aussi la famille du défunt craint-elle que l’affaire soit classée sans que justice soit faite.
La famille de Slim s’est rassemblée, hier, vendredi 5 février 2016, devant le siège du gouvernorat de Sfax, et appelé les autorités tunisiennes à les aider dans cette affaire afin que la plainte déposée en Tunisie puisse prendre son cours.
«Je soutiens la famille du défunt et je ne les lâcherais pas, car il faut que la vérité sur ce décès soit révélée et que justice soit faite. Slim est orphelin, son frère aîné est handicapé et seul Salem tente de se battre pour que l’affaire ne soit pas classée comme un fait divers. S’il faut saisir le droit international public et se faire épauler par les organisations des droits de l’homme, on le fera, mais on ne lâchera pas», a conclu Me Khelifi.
Y. N.
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