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Jeunes cherchent emplois désespérément…

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Le Premier Salon de l’Emploi Inversé Corp City, tenu le 25 février 2016 au palais des congrès à Tunis, a eu un grand succès auprès des jeunes demandeurs d’emploi.

Par Wajdi Msaed

Ce salon d’un genre nouveau a été initié par le Centre d’orientation et de reconversion professionnelle (Corp), en coopération avec la Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) et la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK Tunisie).

Un concept innovant

Ce concept du salon est effectivement innovant et a revêtu un cachet spécial en permettent, pour la première fois, aux chercheurs d’emploi d’avoir leurs propres stands et d’accueillir les représentants des entreprises pour des entretiens d’embauche sur place.

A côté des stands réservés aux entreprises et institutions en rapport avec le marché de l’emploi, des pupitres étaient dressés dans un espace du salon pour placer les 70 candidats sélectionnés par l’équipe Corp parmi plus de 800 postulants.

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Lors de cette phase de sélection, l’accent a été mis principalement sur l’aspect «soft skills» ainsi que sur le savoir-être des candidats, conditions sine qua non pour un recrutement réussi, estiment les entreprises qui tiennent compte de la qualification intrinsèque du candidat, de sa motivation et de sa capacité de communication.
Deux constats méritent d’être relevés. D’abord de la grande affluence des visiteurs venus au palais des congrès de Tunis, causant un cafouillage énorme devant le scanner de contrôle sécuritaire. «C’est mal organisé», a estimé Mariem Abdi, jeune ingénieure de formation venue de la Marsa et rentrée bredouille, sans même avoir pu accéder au salon. «Ils  auraient dû agir autrement et prendre leurs précautions pour permettre aux visiteurs de faire les contacts pour lesquels ils étaient venus. On n’a même pas été informé de l’objectif de ce salon qui ne peut pas trouver une bonne issue à tous ces jeunes venus de tous les coins du pays», a-t-elle déploré.

Les jeunes demandeurs d’emploi ne feraient-ils pas mieux de lancer leurs propres projets? Réponse de Mariem : «Je ne le pense pas. Et puis comment voulez-vous qu’un jeune, à peine les études achevées, puisse se lancer dans une aventure d’investissement avec les risques que cela suppose sans même bénéficier d’une période de formation élémentaire dans le domaine qu’il va pratiquer ?».

Cet avis est partagé par Abir Guiloufi, diplômée en ingénierie financière depuis 2013 et qui  se trouve en chômage après une expérience de travail effectif dans une entreprise privée, expérience conclue par un échec faute de mauvais positionnement (un emploi non compatible avec le profil) et une très mauvaise rémunération. «J’appelle l’Etat à assumer ses responsabilités et à trouver les solutions requises, même en lançant un programme massif de coopération technique avec les pays frères et amis susceptible de résoudre ce fléau du chômage», a insisté Abir, avant de quitter le palais des congrès, plutôt déçue.

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Le 2e constat se rapporte au nombre de jeunes filles présentes, qui dépasse de loin celui des garçons, soit au niveau des visiteurs que parmi les 70 candidats sélectionnés pour prendre place derrière les pupitres.

Reconversion et employabilité

«Il est vrai que le nombre des participants a dépassé de loin nos prévisions. C’est un bon signe et on va s’arranger pour satisfaire tout le monde et prendre nos précautions pour l’avenir», a déclaré Youssef Fennira, directeur général de Corp, au cours du point de presse organisé en marge de ce salon avec le SG de la CTACI et la représentante de GIZ.

S’agissant du grand nombre de filles présentes au salon, M. Fennira a précisé que le phénomène est étroitement lié à notre système éducatif, qui produit plus de filles diplômées que de garçons. «Qu’on le veuille ou non, les filles s’accrochent beaucoup plus  pour trouver la bonne issue», a-t-il ajouté.

«Nous devons innover et travailler pour assurer la réconciliation entre l’université et le monde de l’emploi», a-t-il encore affirmé, estime que «les besoins en recrutement existent chez les entreprises mais on n’arrive toujours pas à trouver le profil correspondant».

Pour le jeune Brahim Guizani (25 ans), technicien supérieur en commerce depuis 2015, qui fait partie des 70 candidats sélectionnés, la formation sur le soft-skills est bénéfique à plus d’un titre. «Mis à part les aspects techniques, elle nous a fourni l’occasion de nous connaître les uns les autres et de nous initier aux techniques de travail en groupe, qui constitue la devise des responsable du Corp», a-t-il estimé.

Tout en saluant, par ailleurs, l’initiative de Corp, il a fait savoir que plusieurs représentants d’entreprises privées ont fait le tour des pupitres des demandeurs d’emploi. L’une de ces entreprises a besoin de recruter 300 personnes, surtout des agents commerciaux pour renforcer son réseau d’exploitation entre 2016 et 2017, a-t-il ajouté.

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Najmeddine Ammar, responsable commercial d’un groupe composé de 15 filiales, qui est venu au salon avec des besoins bien définis et qui a essaie, à travers les entretiens avec les jeunes candidats, de dénicher les 7 profils dont il a besoin. «Je m’intéresse davantage aux capacités de communication qu’aux qualifications techniques», a-t-il affirmé.

Entre rêve, espoir et désillusion

Un monde de jeunes qui vivent, très nombreux, sur l’attente d’un emploi qui tarde à venir, telle cette fille qui préfère garder l’anonymat et qui aurait souhaité trouver un emploi dans l’exploration des ressources du sous-sol tunisien. «Malheureusement, le marché de l’emploi est trop limité et les conditions sécuritaires et sociales du pays n’ouvrent pas un horizon prometteur», lâche-t-elle, désabusée, mais elle se ressaisit : «Je garde espoir et je dois positiver».

Quoi qu’il en soit, cet événement, qui a aussi été marqué par la présence du très invisible ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Zied Ladhari, a permis à un grand public de participer à un débat ouvert autour du thème : «Le diplôme est-il un droit à l’emploi? », ainsi qu’à un atelier autour des différentes thématiques de l’emploi en Tunisie. L’objectif étant de donner aux visiteurs du salon, chercheurs d’emploi et étudiants, les outils leur permettant d’augmenter leur employabilité et donc leurs chances de trouver un emploi.

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