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Quelques idées pour relancer le développement de Kerkennah

 Kerkennah

Le tourisme écologique et la pêche sont des activités qui méritent d’être développées à Kerkennah pour assurer l’essor économique de l’archipel situé au large de Sfax.

Par Mohamed Malek Hadhri *

Depuis des décennies, les insulaires de Kerkennah souffrent, en silence, d’un manque de développement économique.

L’archipel est délaissé aussi bien par les autorités régionales que centrales. Les rares initiatives ne sont guère sorties des tiroirs des bureaux d’études.

Le diagnostic est assez basique et les constats sont encore plus simples: un archipel voué à ses propres ressources, essentiellement la pêche. Les habitants survivent en fonction des caprices de la mer. Kerkennah est la seule île de méditerranée qui souffre de sous-développement.

Les choix s’imposent d’eux-mêmes

Depuis les années 80, le seul véritable investissement étatique fut la route qui longe l’île et la construction des quelques annexes de l’hôpital. Trop peu pour parler d’essor ou de développement.

Depuis, les habitants ainsi que les estivants (en majorité originaires de l’archipel) se débattent dans les mêmes problèmes, à savoir le manque d’infrastructures, l’éternel casse-tête foncier, le chômage, le tourisme qui ne décolle pas, les caprices de la mer et les ratés du bac assurant le transport entre Sfax et Kerkennah.

Face à ce diagnostic, une multitude d’études, analyses et plans de développement s’empilent dans les tiroirs des ministères et ne se sont jamais transformés en projets concrets et appels d’offres.

Pourtant, les spécificités de l’archipel, ses atouts et ses limites font que les choix en matière de développement s’imposent d’eux-mêmes et sont même faciles à mettre en œuvre. Car quelles qu’aient pu être les idéologies, les priorités et les stratégies des différentes administrations centrales qui se sont succédé dans le pays, l’essor de Kerkennah ne saurait être réalisé de trente six mille façon.

Kerkennah est un archipel bordé de mer, dont les terres sont en majeure partie arides ou salines, dépendant du continent et du bac assurant la liaison avec le continent, avec un climat méditerranéen, un écosystème unique, une faune et une flore marine riches et une population de sédentaires accueillante et chaleureuse, à l’image de tous les Tunisiens.

Kerkennah rassemblement habitants

Manifestation de jeunes chômeurs à Kerkennah.

Cap sur le tourisme écologique

De ce constat, il ressort que les solutions de développement de l’île ne sauraient être ni agricoles ni industrielles. Seul, le tourisme et, dans un deuxième temps, les services peuvent la sortir de sa léthargie.

Kerkennah dispose d’un potentiel halieutique et d’un écosystème marin riche et inexploré. Un tourisme axé sur cette richesse serait novateur en Méditerranée et changerait notre pays du tourisme de masse à la merci des tour-opérateurs et des soubresauts terroristes et sécuritaires.

Un concept revient souvent dès qu’on parle de Kerkennah, celui du «tourisme écologique». En optant pour cette activité touristique qui n’existe presque pas en Méditerranée, où toutes les côtes sont submergées par de grands complexes touristiques et des buildings déstructurant les rives, la Tunisie pourrait être à l’avant garde et disposerait d’un quasi-monopole.

Ce tourisme «à la mode» dans les pays du Pacifique et de l’Océanie n’a pas encore essaimé en Méditerranée. Les activités de bien-être, les cures, l’initiation à la plongée, les SPA marins, les randonnées, la pêche… sont en décalage par rapport au tourisme balnéaire classique, révolu depuis longtemps.

Par ailleurs, ce tourisme écologique peut ouvrir d’autres perspectives notamment le tourisme des seniors voire l’installation des seniors européens sur l’île pour y vivre. Des avantages fiscaux pourraient être accordés pour les inciter à s’établir comme le fait déjà le Portugal.

Autre dérivé du tourisme écologique, le tourisme sportif, qui va en général de pair avec le tourisme de bien-être. Des centres de stages pourraient être construits sur l’île permettant aux équipes sportives de s’y établir et d’y effectuer leurs stages et préparations.

Pour concrétiser ce programme, il faut d’abord que l’Etat résolve les conflits fonciers qui empoisonnent la vie des Kerkenniens. En effet, il n’y a pas un seul Kerkennien qui pas n’a été confronté, directement ou indirectement, à un conflit avec son voisin. Or, pour pouvoir construire des complexes hôteliers, on a besoin d’un parc foncier sain et exploitable.

Ensuite, il faudrait développer les liaisons avec le continent. La Société nouvelle de transport Kerkennah (Sonotrak) déploie beaucoup d’efforts pour développer sa flotte. Mais les traversées en bac, théoriquement agréables, sont devenues un calvaire pour les usagers à cause des retards, du manque d’hygiène, de l’exiguïté du port de Kerkennah, etc.

Retour à la mer nourricière

Autre axe de développement, la pêche. Il s’agit de l’activité principale des insulaires de Kerkennah. L’Etat pourrait investir dans un grand port de pêche capable d’amarrer de grands chalutiers. Le développement de cette activité pourrait déboucher sur d’autres activités annexes, telles que les usines de conserves, l’exportation des produits de pêche vers l’Europe, le conditionnement des produits de la mer, etc.

Pour réaliser ces actions, l’Etat n’a qu’à ouvrir ses tiroirs, dépoussiérer les études déjà réalisées, et enfin les convertir en projets et lancer des appels d’offres. Le secteur privé et les investisseurs étrangers prendront le relais. Il n’est pas nécessaire de réactualiser ces études puisque la situation de l’archipel est immuable depuis des lustres.

Pour financer les autres actions transversales, je propose la majoration du prix du ticket du bac de quelques centaines de millimes. Les fonds recueillis pourraient servir à financer le nettoyage des plages de l’île, le développement ds routes, l’acquisition d’équipements médicaux pour l’hôpital et les dispensaires, etc.

A défaut de nous aider, l’Etat pourrait juste nous permettre de nous prendre nous-mêmes en charge et d’agir de manière autonome. Quant au pétrole et au gaz exploités au large de l’île, on vous le laissera volontiers, gavez-vous en…

* Consultant en systèmes d’information.

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