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ATB : Une banque attentive à la littérature de l’enfant

Le Prix arabe Mustapha Azzouz pour la littérature de l’enfant 2017, décerné par l’ATB, a été une occasion pour repenser l’écriture destinée aux enfants.

Par Zohra Abid

Il s’agit d’adapter ce genre littéraire à part entière aux exigences actuelles, car à chaque époque son écriture, son style et ses propres critères d’appréciation. L’évolution du monde induisant des changements radicaux chez l’homme en général et chez l’enfant en particulier : son intelligence, sa sensibilité, ses besoins et ses attentes.

L’écriture est un miroir de la société

C’est cette idée centrale qui a été soulignée lors d’un colloque de 2 jours, organisé par le Forum de la littérature pour enfants, en collaboration avec l’Arab Tunisan Bank (ATB), à l’hôtel Africa, à Tunis, les 4 et 5 mai 2017, et qui a été couronné par la distribution des 3 prix de la 8e édition du Prix arabe Mustapha Azzouz pour la littérature de l’enfant: 8000 DT (1er Prix), 5000 DT (2e) et 3000DT (le 3e).

Ont pris par à ce rendez-vous annuel près de 100 participants, en majorité des éducateurs (enseignants, inspecteurs de l’enseignement et conseillers pédagogiques), mais aussi des psychologues, des écrivains et des spécialistes de littérature de enfant et de vulgarisation scientifique, venus notamment d’Irak, d’Egypte, de Syrie, et bien évidemment de Tunisie.

Il convient aussi de mentionner tout spécialement 3 écrivains en herbe, qui ont émergé cette année, grâce à leurs premiers écrits ayant impressionné le jury: Bilel Laabidi, Ikram Ayari et Dhia Eddine Kazdaghli.

Selon Souad Affes, sa présidente, le Forum de la littérature pour enfants apporte chaque année de nouveaux éléments de réflexion et d’analyse qui aident les auteurs à écrire autrement, à interagir avec un environnement en constante évolution et à mieux répondre aux besoins des jeunes lecteurs aux prises avec une explosion de nouveaux moyens d’expression et de communication, et dont l’imaginaire est lui aussi en mouvement.

ATB Littérature de l'enfant

Un exercice des plus difficiles

La vulgarisation scientifique et la science fiction sont les exercices les plus difficiles pour les auteurs de livres destinés aux enfants âgés de 12 à 16 ans et qui, depuis un certain temps déjà, à l’image de leur entourage, boudent le livre et ne s’intéressent qu’aux nouveaux outils de communication dont l’internet et la télévision, avec la profusion de chaînes qui leur sont destinées, qui, à la longue, risquent de les abrutir, de les couper du monde extérieur et de les enfermer dans une bulle virtuelle.

Pour tenter de comprendre les spécificités de la production sollicitant l’imaginaire scientifique et qui doit réconcilier les enfants avec le livre, les intervenants, dont la Syrienne Lina Kilani, la Tunisienne Kaouther Ayed, l’Irakien Najm Abdallah Kadhem ou encore l’Egyptien Mustapha Abdallah, ont parlé, chacun, de ses expériences avec les jeunes lecteurs : réussites, échecs, interrogations et nouvelles pistes à explorer. Avec les récits imaginaires, la maîtrise de la narration doit être totale et la mise en scène doit respecter scrupuleusement la vérité des événements», a lancé l’un des auteurs présents. Car c’est dans cette rigueur que réside l’une des clés de la réussite pour l’auteur mais aussi pour le jeune lecteur qui puise dans les récits les éléments de sa future réussite à la fois scolaire et sociale, qui sont intimement liées. «Et c’est loin d’être une tâche facile», avertit Mustapha Abdallah, car il s’agit de «faire très attention aux glissements entre les 2 notions proches et souvent confondues, celles de l’imaginaire et de la créativité».

Selon Kaouther Ayed, le monde des images, qui se prête à une multitude d’interprétations, ne doit pas  se détacher de la vie réelle. Car, pour rester constructif, il doit, au contraire, y renvoyer constamment. La spécialiste tunisienne a mis l’accent, dans ce contexte, sur «les angoisses et les désirs marquant le quotidien de l’enfant et qui reposent constamment sur les thèmes universels de la beauté, du pouvoir, de la richesse, de l’amour, de la vie et de la mort».

Comment les intéresser ?

Najm Abdallah Kadhem insiste, de son côté, sur le rôle des parents et des enseignants, qui doivent orienter les enfants et leur prendre conscience de l’importance de la lecture et du livre dans leur formation et de les accompagner dans leurs lectures pour les aider à comprendre et à assimiler, derrière les mots et les images, les messages à portée universelle devant constituer les bases de leur formation intellectuelle et spirituelle.

Les intervenants ont été unanimes à souligner la pauvreté des livres qui sont mis à la disposition des enfants dans les écoles. Outre leur contenu qui pose parfois problème, ces livres pèchent aussi par un manque de diversification  S’il y a un nombre important de livres pour les petites classes, il y en a beaucoup moins pour les classes supérieures. Or, l’enfant a besoin de lire à tous les âges et toutes les phases de scolarité.

Autre problème évoqué : la formation très lacunaire de beaucoup d’enseignants qui ne maîtrisent pas les outils didactiques susceptibles de les aider à expliquer un récit en agissant positivement sur l’imaginaire et la créativité des enfants. Par leurs propres lacunes, ces enseignants risquent d’égarer les enfants voire de les perturber. En d’autres termes, il s’agit d’apprendre aussi aux enseignants les méthodes requises pour une lecture enrichissante. Ce sera peut-être là un bon sujet de débat et de réflexion pédagogique pour l’une des prochaines sessions du forum.

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