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Doing Business 2018 : Radioscopie de la chute de la Tunisie

La Tunisie, qui a perdu 46 places en 7 ans au classement Doing Business, doit s’engager dans la modernisation, la simplification et la digitalisation de son administration et de son système juridique.

Par Moez Hammami *

Il fut un temps, pas très loin (2012), où la Tunisie était classée 42e selon l’indice de la Banque mondiale (BM) Doing Business, qui évalue la facilité de faire des affaires dans différents pays. Cet indice est particulièrement regardé par les investisseurs étrangers et contribue à drainer les investissements directs étrangers (IDE).

Selon le rapport 2018, la Tunisie se classe à la 88e place. Pourquoi et comment s’améliorer ? Quantylix a décortiqué le rapport et les données !

Celui qui n’avance pas recule !

L’indice Doing Business est basé sur un score allant de 0 (pire) à 100 (meilleur). Le score de la Tunisie en 2012 était de 67,58. Il est passé à 63,58 dans le classement 2018. Cette perte de 4 points (-6%) a fait passer au-dessus de la Tunisie plusieurs pays (46). En évolution relative, 87% des pays étudiés en 2012 (151 pays sur 175) ont fait une évolution meilleure que celle de la Tunisie.

Figure 1 : Evolution de l’indice Doing Business entre 2012 et 2018 pour la Tunisie et quelques économies comparables (Maroc, Pologne et Rwanda).

Les économies qui ont fait mieux que nous !

26 pays ont dépassé la Tunisie. Ce sont les économies qui avaient un score inférieur en 2012 mais supérieur en 2018 au score de la Tunisie en 2012 (67,58). Parmi ces pays :

• plusieurs ont intégré nouvellement l’Union européenne (UE) et ont adapté ainsi leurs économies : Serbie (+23%), Pologne (+18%), Albanie (+17%), Roumanie (+17%), Croatie (+14%), Slovénie (+13%), Bulgarie (+6%), Hongrie (+8%)) ;

• d’autres sont issus de l’ex-URSS : Biélorussie (+27%), Kazakhstan (+23%), Moldavie (+22%), Arménie (+13%), Azerbaïdjan (+11%).

• auxquels s’ajoutent quelques pays asiatiques comme le Viêtnam (+15%), Brunei (+15%), Mongolie (+15%) et la Turquie (+7%).

• Mais aussi le Rwanda (+24%), la Costa Rica (+21%), le Maroc (+8%) et le Bahreïn (+3%), la Grèce (+13%) et l’Italie (+10%).

Les axes d’amélioration

Le score de l’indice Doing Business est une moyenne des scores des 10 sous-indices qui le composent (Allant de 0 : pire à 100: meilleur). La Tunisie peut/doit améliorer en priorité :

• son environnement de crédit : elle obtient un score faible de 45;

• sa protection pour les actionnaires minoritaires : elle obtient un score de 48,33;

• l’efficacité de son système juridique : elle obtient un score de 54,53 dans le «règlement de l’insolvabilité» et un score de 59,33 pour la résolution des conflits commerciaux.

Figure 2 : Radar des scores des sous-indices Doing Business pour la Tunisie.

La bureaucratie : le problème majeur de la Tunisie !

Une analyse plus fine des composantes des différents sous-indices montre que la Tunisie est opposée à un problème structurel : la bureaucratie !

• Création d’entreprises : pour créer une entreprise, il faut en moyenne 9 procédures (Banque, API, fisc, greffe du tribunal…) alors que dans les pays développés le nombre est inférieur à 5.

• Obtention d’un permis de construction : 18 procédures pour l’obtention d’un permis de construction alors qu’au Maroc par exemple il en faut que 13 et seulement 9 en France.

• Délai d’enregistrement/transfert de propriété : 39 jours en Tunisie contre 22 jours pour les pays de l’OCDE et 1 journée au Portugal, Nouvelle Zélande et Géorgie. Le point bloquant reste l’organisme de Conservation de la Propriété Foncière où la procédure peut prendre 30 jours.

• Efforts pour exporter : 50 heures contre 13 heures dans les pays développés. Il est seulement de 19h au Maroc et ça coûte presque trois fois moins chers (156$ contre 469$ en Tunisie). Le problème en Tunisie réside dans les ports, où le traitement est long (50h contre 11h au Maroc) et coûteux (169$ contre 70$ au Maroc)

• Conflits commerciaux : la résolution d’un conflit commercial en Tunisie prend en moyenne 1 an et 9 mois. Au Maroc c’est plus rapide de 4 mois et au Rwanda c’est plus rapide de presque une année ! En Tunisie, la procédure d’introduction devant les tribunaux prend en moyenne 2 mois contre 20 jours au Rwanda, la procédure de jugement 10 mois contre 4 mois et l’exécution du jugement 7 mois contre 3 mois.

Figure 3 : Exemples de durées moyennes de résolution de conflits commerciaux dans différents pays.

Conclusion : D’une pierre, trois coup !

Si la Tunisie s’engage sur le chemin de la modernisation, la simplification et la digitalisation de son administration et de son système juridique, elle pourra revenir rapidement dans le top 50. Il est a noté que cet indice est corrélé à la création d’emploi et la réduction du chômage. Donc, d’une pierre trois coup!

* Conseil en Data Science, fondateur & CEO Quantylix

 

Doing Business 2018 : La Tunisie perd 11 places et se classe 88e

 

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