En Tunisie, malgré les effets d’annonce du gouvernement et de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inclucc), la lutte contre ce fléau qui grève dangereusement l’économie du pays fait du surplace, au grand bonheur des corrompus, dont certains tiennent toujours le haut du pavé.
Par Marwan Chahla
Selon le rapport 2018 de l’Ong Transparency International (TI), notre pays s’est hissé d’un petit rang à la 73e position mondiale de l’indice de perception de la corruption (CPI, en anglais). Ainsi qu’en 2017, la Tunisie se trouve en milieu de tableau des 180 pays passés en revue.
Une note équivalente à celle d’un écolier faible
Ce classement 2018 de Transparency International indique que la Tunisie a gagné un point de score par rapport à 2017 – passant de 42 à 43 points sur une échelle de 100. Cette note – qui équivaudrait celle d’un écolier faible, c’est-à-dire avec une moyenne de 8,6/20 – montre bien qu’il reste beaucoup à faire pour que notre pays rejoigne le groupe de ceux que TI considère comme les «pays propres.» En effet, durant les quatre dernières années, l’on retrouve la Tunisie avec, à peu près, les mêmes scores: 38 points en 2015, 41 en 2016, 42 en 2017 et 43 en 2018.
Avec ses 88 points, le Danemark hérite du meilleur score de l’année 2018, suivi de près par la Nouvelle Zélande (87 points) et, en 3e position, il y a un groupe de quatre pays (Finlande, Singapour, Suède et Suisse) avec 85 points.
La Tunisie – qui partage ce 73e rang avec le Maroc, l’Afrique du Sud, le Surinam – se classe 7e dans le monde arabe: selon TI, les Emirats arabes unis sont les 1ers (avec 70 points), le Qatar est 2e (avec 62 points) et Oman est 3e (avec 52 points).
Au bas du tableau de ce classement 2018 du CPI, l’on trouve la Libye, 170e avec 17 points, le Yémen 176e avec 14 points et la Syrie, 178e avec 13 points.
Pour rappel, le CPI 2018 est le produit de 13 enquêtes de terrain et évaluations d’experts servant à mesurer le degré de corruption du secteur public dans 180 pays et territoires, et attribuant à chacun de ces pays un score allant de 0 (pour hautement corrompu) à 100 points (pour très intègre ou très propre).
Dans le préambule introductif de ce rapport 2018, Delia Ferreira Rubio, la présidente de TI, rappelle certaines vérités élémentaires que nous citons ici: «La corruption a une tendance plus prononcée à se multiplier dans les pays où les ancrages démocratiques sont faibles et, ainsi que nous avons pu le constater, là où les hommes politiques antidémocratiques et populistes l’utilisent à leur profit…»
En attendant le prochain coup de balai
Dans notre pays, la lutte contre la corruption semble piétiner depuis le jour où, en mai 2017, le chef du gouvernement Youssef Chahed avait décidé de donner un coup de pied dans cette fourmilière… Depuis l’arrestation de Chafik Jarraya, rien de bien remarquable n’a été fait, les corrompus vaquent encore à leurs malsaines occupations et ce laisser-aller fait perdre à notre pays et à son économie des milliards et des milliards de dinars…
À quand, donc, le prochain coup de balai qui débarrassera définitivement la Tunisie de cette vermine de la corruption ?
Il y a là, nous semble-t-il, un des thèmes les plus importants des prochains scrutins législatif et présidentiel: les candidats à ces élections devront, non seulement montrer patte blanche, mais également faire la promesse ferme qu’ils mèneront jusqu’au bout ce combat contre la corruption.
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