La 3e édition de l’événement cinématographique «Ksayer wou yhayer» consacré aux courts-métrages tunisiens a démarré le mercredi 11 septembre 2019 dans plusieurs salles de cinéma à Tunis et dans les régions.
Par Fawz Ben Ali
Après une projection de presse à la Cinémathèque Tunisienne, à la Cité de la Culture de Tunis, puis une avant-première au Ciné-Mada’rt, à Carthage, le mardi 10 septembre, la nouvelle série de courts-métrages tunisiens est allée dès le lendemain à la rencontre du grand public dans les différentes salles de cinéma tunisiennes.
Au programme de cette année : ‘‘Black Mamba’’ d’Amel Guellaty, ‘‘Le bonbon’’ d’Abdelhamid Bouchnak, ‘‘Bolbol’’ de Khedija Lemkacher, ‘‘When the sky began to scream’’ de Kays Mejri et ‘‘Les pastèques du cheikh’’ de Kaouther Ben Hania.
5 courts-métrages à la sauce tunisienne
Il s’agit de 5 films de jeunes cinéastes tunisiens, sortis au cours des deux dernières années, et dont la plupart ont été sélectionnés et primés dans des festivals internationaux. Comparé au long-métrage, le format court a toujours manqué de visibilité, souvent écarté des circuits de distribution classique. «Ksayer wou yhayer» vient ainsi combler un certain vide dû à l’absence de festivals dédiés au genre en Tunisie.
Léger et condensé, le court-métrage représente un format privilégié pour les jeunes réalisateurs qui souhaitent percer dans l’univers du 7e art avec le peu de moyens qu’ils ont. Les films de cette édition témoignent du talent de la nouvelle génération de cinéastes, mais aussi de la diversité des genres (horreur, comédie, drame …), des styles et des thèmes abordés.
‘‘Black Mamba’’ d’Amel Guellaty (2017) ouvre le bal de la projection, un film féministe par excellence, réalisé par une femme, avec un personnage principal féminin (interprété par Sarra Hannachi) et une histoire de quête de soi et d’émancipation féminine dans un milieu très masculin, celui de la boxe.
Sarra, une jeune femme qui s’apprête à se marier, mène une deuxième vie secrète le soir pour vivre sa passion pour la boxe. Encouragée par son frère, elle décide de tout plaquer (famille, travail et futur époux) pour se consacrer à ce sport souvent réservé aux hommes, malgré toutes les contraintes que ce choix représente pour une femme, en plus voilée.
‘‘Black Mamba’’ avait reçu 3 prix lors des Rencontres du Court de Madagascar.
Le jeune et très talentueux cinéaste Abdelhamid Bouchnak, qu’on a récemment connu avec ‘‘Dachra’’ (premier film d’horreur tunisien ayant battu tous les records d’entrée en Tunisie), est également présent dans cette sélection avec un court-métrage réalisé en 2016, toujours avec son acteur fétiche Aziz Jebali.
Toujours aussi surprenant, Bouchnak nous propose un film avec un style narratif et cinématographique qui lui est propre, des plans improbables, des dialogues perçants et une finesse psychologique.
Sélectionné au Festival du Film Maghrébin de Montréal et au Festival International du Film de Dubaï, ‘‘Le Bonbon’’ met en scène les premières journées de travail d’un jeune huissier notaire, une immersion dans un quotidien ponctué de violence verbale et physique. Le jeune cinéaste nous embarque dans un ascenseur émotionnel avec un début de film qui ne manque pas d’humour, pour arriver à une fin glaçante.
De la comédie à l’horreur
‘‘Bolbol’’ de Khedija Lemkacher (2017) ou les grands fou-rire de la sélection, est une comédie légère mais intelligemment écrite et réalisée, interprété par le duo Fatma Ben Saïdane et Fathi Akkari.
Lauréat du prix du meilleur court-métrage au Festival de Vérone, le film met en scène le quotidien sempiternel d’un vieux couple. Un mari qui rentre à l’aube toujours dans le même état d’ivresse, et une femme qui préfère fuir cette ambiance morose pour s’incruster à chacun des mariages qui se tiennent à la salle des fêtes du quartier.
La jeune cinéaste sortira bientôt son premier long-métrage de fiction ‘‘Les sirènes s’isolent pour chanter’’.
Dans cette même sélection, on retrouve aussi le genre «horreur» avec ‘‘When the sky began to scream’’ de Kays Mejri (2017) avec en tête d’affiche l’actrice Souhir Ben Amara et l’acteur, réalisateur et producteur Nejib Belkadhi.
Le film, qui a fait partie du Dubaï International Film Festival, nous raconte la mésaventure d’un jeune couple, qui, au milieu d’une randonnée, se trouve perdu dans une terre dite «maudite», coincé par de dangereux chasseurs de trésors.
Si le film répond aux exigences techniques et esthétiques du genre «horreur», le scénario, lui, demeure pauvre, voire incomplet. Une histoire qui aurait probablement eu plus de chance si elle avait été exploitée dans un long-métrage.
Le meilleur est souvent réservé pour la fin, et c’est le cas avec ‘‘Les pastèques du cheikh’’ de Kaouther Ben Hania, l’une des cinéastes les plus brillantes de sa génération. Autant dans l’écriture que dans la réalisation, chacun de ses films (court, long, fiction, documentaire) est un vrai bijou. Elle s’est fait remarquer à l’échelle mondiale avec entre autres ‘‘Zeineb n’aime pas la neige’’ et ‘‘La belle et la meute’’, Kaouther Ben Hania revient avec un court-métrage qui s’annonce comme une continuité (ce qu’on appelle aussi un spin-off) de ‘‘Peau de colle’’ (un autre court-métrage réalisé en 2013), reprenant ce personnage d’imam, avec à peu près le même décor et le même style burlesque.
‘‘Les pastèques du cheikh’’ c’est l’histoire d’un ancien djihadiste qui, de retour de Syrie, use de tous les moyens pour devenir le nouvel imam d’une mosquée, quitte à organiser des funérailles imaginaires et remplacer la dépouille par des pastèques. Kaouther Ben Hania est en ce moment en plein tournage pour son prochain film qui aura pour vedette la star italienne Monica Bellucci.
Les cycles de projections se tiennent dans les salles : ABC, Parnasse (centre-ville de Tunis), Mad’art (Carthage), Amilcar (Manar), Zephyr (Marsa), Salle 350 (Cité de la culture), Pathé (Tunis-City), Majestic (Bizerte), CinéStar (Menzel Temime) …
Donnez votre avis