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Ligue des champions : l’Espérance a payé le prix de ses errements

Bilal Bensaha marque sur pénalty, puis plus rien…

Tenant du titre, l’Espérance sportive de Tunis (EST) a été éliminé par le Zamalek hier soir, vendredi 6 mars 2020 (1-3, 1-0) en quart de finale retour de la Ligue des champions africaine. Elle paye l’indiscipline de ses joueurs et de son staff plus que ses faiblesses techniques. Elle paye en fin de compte une politique de recrutement hasardeuse !

Par Hassen Mzoughi

L’EST quitte donc la Ligue des champions, malgré sa victoire 1-0 face au Zamalek, au terme d’une modeste campagne 2019-2020. Les «Sang et Or» paient leur indiscipline en quart de finale aller qui a débouché sur la lourde défaite au Caire qu’ils n’ont jamais pu compenser, et les suspensions de l’entraîneur Mouine Chaabani, de son adjoint Majdi Traoui, ainsi que des joueurs Khalil Chammam, Abderraouf Benguit et Mohamed Ali Ben Romdhane.

Les Tunisiens enflammaient certes le début de match, comme il y a une semaine au Caire, grâce à un pressing haut qui mettait d’entrée les visiteurs en difficulté. On jouait la 5e minute qu’ils obtenaient un penalty, transformé par l’Algérien Bilel Bensaha (1-0). Une entrée en matière idéale, mais par la suite l’Espérance restera muette jusqu’au coup de sifflet final de l’excellent arbitre algérien, Mustapha Ghorbal, probablement aidé aussi par la… Confédération africaine de football (CAF) qui venait d’infliger de lourdes sanctions contre l’EST… deux jours seulement avant le match!

La montagne Gabal et la fin de l’illusion

Zamalek était venu avec le dessein légitime et logique de défendre son avantage. Il a laissé jouer l’EST, en lui imposant un bloc compact, en fermant les accès à sa zone, notamment sur les côtés, comme au match aller, et en «l’emprisonnant» dans sa toile d’araignée au milieu de terrain, où trônaient le Tunisien Ferjani Sassi et Tarek Hamed. Zamalek a «endormi» son adversaire par un jeu en faux rythme. Il a réussi son entreprise parce que les joueurs locaux, trop brouillons, n’ont jamais pu hisser le rythme, varier le jeu, chercher l’effet de surprise.

Bref l’EST n’avait pas les moyens de renverser la situation. N’avait surtout pas le ou les joueurs décisifs, capables de faire la différence, dans un tel match couperet. Type Anice Badri et Youcef Belaili, qui avaient renversé Al-Ahly en finale retour en 2018.

L’EST peut jouer pendant… 5 heures, elle ne trompera pas la défense zamalkaouie, encore moins l’excellent gardien Mahmoud Gabal, sans doute l’artisan de la qualification, en effaçant 3 buts au match aller et un autre, hier, sur un tir vicieux de Hamdou Elhouni qui aurait qualifié l’EST. Le Libyen réalisait une incursion côté gauche, se jouait des défenseurs mais il se heurtait à la main ferme de Gabal qui plongeait pour fermer superbement l’angle au ras du poteau (89’). Un arrêt déterminant ! Et la fin de l’illusion pour l’EST.

Fadi Ben Choug, suivi de près par Tarak Hamed. L’Espérance a joué trop loin des buts adverses.

Un échec qui interpelle l’autorité sportive

Exceptée cette occasion et le penalty, les Tunisiens n’ont jamais emballé le match, n’ont jamais inquiété la sérénité et le calme des «Blancs». Ils sont parus beaucoup plus timorés qu’au match aller. Ils traînaient le premier quart de finale comme un boulet, se rappelaient sans doute qu’ils avaient lamentablement gâché la chance inouïe d’être à la place de Zamalek aujourd’hui en demi-finale. L’EST a payé ses limites, surtout son indiscipline, résultat d’un manque de modestie, qui lui a coûté une sortie par la petite porte.

Inacceptable, une élimination de la sorte, les 6 buts encaissés contre seulement deux buts (sur penalty) marqués face au même adversaire en 2 matches; le cadeau royal offert au Zamalek au Caire, en faisant harakiri.
Inacceptable, la théorie du complot que certains veulent passer pour tromper l’opinion, parce que ni Redouane Jiyed à l’aller, au Caire, encore moins Mustapha Ghorbal, hier, à Radès, n’ont empêché l’EST de gagner pour aller au tour suivant. L’échec, c’est l’EST qui l’a cherché, avec des joueurs (notamment des cadres) et un staff qui auraient mieux fait de réussir leur mission.

Un échec qui devrait interpeller sur le bien-fondé de l’autorité sportive qui laisse la porte ouverte à des «écarts graves», faute de rigueur, de rappels à l’ordre à la moindre «saute d’humeur».

Le président du club, Hamdi Meddeb, fait énormément pour ses couleurs; il aime son club sans limite mais on le sent trop «cool». Probablement parce que «ses poulains» l’ont rendu heureux pendant ses 13 ans de présidence, mais pourrait-on pour autant lâcher la bride, au risque de glisser vers l’autosuffisance, donc facilement vers «une nonchalance» dangereuse.

Badri et Belaili n’ont pas été convenablement remplacés

La politique sportive est mise en question, car la version actuelle de l’équipe A n’a pas le même potentiel tactique et physique de la devancière. L’EST s’est séparée de plusieurs cadres tels Belaïli et Badri qui n’ont pas été convenablement remplacés… Les deux ailiers ont été les principaux artisans des deux sacres africains de l’EST en 2018 et 2019. Belaili a aussi brillé avec l’équipe d’Algérie victorieuse de la CAN 2019, alors que Badri a largement participé à la qualification de la Tunisie au Mondial 2018.

Belaili et Badri partis, l’EST joue sans véritables buteurs. Pire, avec un ailier côté gauche versatile, Elhouni (que d’inconstance au cours d’un seul match) et un ailier droit fragile, Bilel Bensaha (blessures répétées). Ou encore le timide Mohamed Ali Ben Hammouda, qui débarque trop tôt en Ligue des champions. Dommage que l’ex-buteur, Taha Yassine Khenissi n’arrive pas à remonter la pente ! Soit des handicaps qui ont pesé entre autres facteurs, comme la fragilité défensive, sur la marche de l’équipe.

Dommage également que les défaillances physiques (notamment les blessures musculaires), nombreuses cette saison, aient handicapé le groupe et impacté son rendement collectif.

Cibler dès à présent des renforts à valeur ajoutée

Enfin Chaabani n’était pas en mesure de corriger les erreurs. Et quand lui-même participe à la «nouba» collective, la tolérance n’est plus de mise. Certains membres du club ont conseillé de modifier le cadre technique actuel, avant même les quarts de finales. Autrement dit de nouveaux développements pourront survenir dans les prochains jours.

En attendant, et sans faire dans la précipitation, les responsables devraient réfléchir à propos d’une mise à niveau sur la base d’un bilan et des perspectives faisables. À commencer par cibler dès à présent des renforts à valeur ajoutée, à la mesure des ambitions du club. L’EST ne peut pas rater un objectif aussi important pour des recrutements approximatifs. Pour des errements de blasés.

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