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Algérie : mesures d’apaisement en faveur du «hirak»

À trois jours de la célébration du 58e anniversaire de l’indépendance, le 5 juillet 1962, le président Abdelmadjid Tebboune a gracié six détenus du mouvement de contestation du «hirak», condamnés pour leur participation à des manifestations de rues. Il s’agit d’une «grâce totale», selon le décret présidentiel, mais pas d’une amnistie.

Par Hassen Zenati

En même temps, des tribunaux algériens ont ordonné la mise en liberté provisoire de plusieurs têtes d’affiche du «hirak», dans l’attente de leur procès. Ils étaient détenus dans plusieurs prisons de l’Algérois. La mesure est assortie d’un contrôle judiciaire leur interdisant de participer à des manifestations, marches ou réunions publiques, ou à s’exprimer dans les médias sur la situation politique du pays.

Les prévenus qui ont bénéficié de la liberté provisoire sont Karim Tabbou, Samir Benlarbi, Amira Bouraoui et Slimane Hamitouche.

Karim Tabbou, 47 ans, porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS – non reconnue) était détenue depuis le 25 septembre 2019 à la prison de Koléa. Ancien militant du Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed, il est devenu grâce à sa verve l’emblème virevoltant du «hirak», plusieurs interpellé, incarcéré puis relâché.

Médecin gynécologue Amira Bouraoui, 44 ans, mère de deux enfants, condamnée à un an de prison ferme le 21 juin, doit comparaître en appel le 24 septembre prochain devant le tribunal de Tipaza. Elle était l’animatrice du mouvement «barakat» (Ça suffit), né de l’opposition au président déchu Abdelaziz Bouteflika. Il s’inspirait du mouvement Kefaya égyptien contre l’ancien président Hosni Moubarak. Elle se vante d’avoir connu tous les commissariats d’Alger et de n’avoir jamais négocié avec le pouvoir, ni transigé avec lui.

Autre figure de proue du «hirak», Samir Belarbi, ancien du mouvement «barakat», moustache et collier de barbe, est un des principaux orateurs de la contestation, dont les discours en langue arabe étaient enflammés. Condamné une première fois, libéré, puis condamné à nouveau, il purgeait une peine de prison d’un an.

Slimane Hamitouche, militant de la première heure du «hirak» partageait la cause des familles victimes de disparition forcées pendant la «décennie noire» (1990-2000). Son frère avait été enlevé dans les années 1990. Pendant les manifestations, on le voyait toujours aux côtés des mères de disparus, qui réclament la «vérité» sur le sort de leurs enfants.

Ces mesures d’apaisement avaient été annoncées par un ancien du hirak, rallié au président Tebboune, Sofiane Djilalli, président du mouvement Jil Djadid. Après un entretien avec le chef de l’Etat, il avait indiqué que ce dernier «a accepté d’agir, dans le cadre strict de ses prérogatives constitutionnelles et légales, et comme gage de son intention de favoriser l’apaisement et le dialogue national, pour que Karim Tabbou et Samir Benlarbi retrouvent leur liberté au plus vite, au terme de la procédure présidentielle officielle». Il a été confirmé le 9 juin par le porte-parole de la Présidence, Mohand Saïd Oubelaïd.

Le sort de plusieurs autres têtes d’affiche du «hirak» en prison ou en détention provisoire n’a pas encore été tranché. Il s’agit notamment des journalistes Khaled Drarni et Fodhil Boumala, et du président du Rassemblement de la jeunesse algérienne (RAJ), cheville ouvrière de la contestation, Abdelwahab Fersaoui.

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