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Noël, ou la commémoration des valeurs humaines universelles

C’est Noël. Ce fut à l’origine la fête du Solstice consacrée au Dieu Soleil Mithra d’origine iranienne. Mais l’empereur romain Constantin devenu chrétien est passé par là et elle devint celle de la naissance de l’enfant mis au monde par une mère vierge, devenu célèbre dans le monde sous le nom de Jésus-Christ.

Par Dr Mounir Hanablia *

Cette image de l’enfant et de la mère représentant l’amour dans sa forme la plus élevée ferait l’objet d’un culte qui connaîtrait la même popularité que, avant lui, celui de la déesse mère Isis et de l’enfant Osiris.

La croix, cet instrument de souffrance symbolisant la punition des infâmes et des criminels dans l’empire romain, vaudrait à sa ressemblance avec la Clé de la Vie Egyptienne d’acquérir un caractère divin qui deviendrait le fondement de toute la doctrine chrétienne. Si Jésus est devenu Dieu c’est parce qu’il est mort sur la clé de la vie et qu’il a ressuscité tout comme le fit Osiris. Nier son caractère divin est intolérable pour la doctrine chrétienne parce que, en mourant sur la croix dénué de divinité, cela fait de lui un simple criminel châtié par la justice de Rome.

Ce que le christianisme doit au paganisme égyptien

Nous autres musulmans fûmes donc classés comme hérétiques par l’église chrétienne bien que nous eussions nié la réalité de sa crucifixion, parce que par ce déni, nous supprimions le matériel symbolique, la croix clé de la vie, le rattachant à la divinité. Et pourtant nous n’avons rien inventé. Beaucoup de disciples du Christ ne lui avaient reconnu après sa mort qu’une qualité de prophète, à l’instar des Ebionites, qui nièrent par ailleurs qu’il eût été crucifié, tout comme nous musulmans l’avons fait après eux. On peut dire sans risque de se tromper que les Ebionites furent les précurseurs de l’islam.

Les colonnes des temples des Pharaons gardent cependant jusqu’à aujourd’hui des stigmates de cette réalité du lien du christianisme avec le paganisme égyptien que le zèle des premiers chrétiens fanatiques avait tenté d’effacer. Quant au Père Noël, le Saint Nicolas ou le Santa Claus, ce n’était qu’un esprit de la forêt des croyances celtes et germaniques dont la célébration fut incorporée dans celle de la naissance du Christ.

Quoi qu’il en soit cette capacité d’incorporation par le christianisme des coutumes des peuples militairement conquis par l’empire romain, dans ses festivités ou même son dogme, en a finalement fait une religion universelle, malgré la rigidité doctrinale de l’Eglise, et c’était d’ailleurs cela à l’origine l’idée de l’empereur Constantin, celle de fédérer autour d’un culte commun les différents peuples de l’Empire, parce que celui de l’Empereur était récusé, essentiellement par les Sémites, habitant le Moyen Orient, particulièrement les monothéistes juifs.

Un message d’humilité, d’égalité et de pardon

Mais ce qui a fait la grandeur du christianisme n’est pas la doctrine imposée par l’Eglise, cette multinationale impérialiste avide de biens et de puissance qui s’est posée en censeur de la pensée et en intermédiaire parasite dans le culte, ni la magnificence de ses cathédrales et de ses trésors, mais tout au contraire, le message d’humilité, d’égalité, de pardon, et de relativisation de l’importance du dogme face au respect de la personne humaine, que le Christ a apporté.

Ce message a finalement engendré, outre la déchéance de l’Eglise, l’apparition de la séparation des pouvoirs, de la démocratie, de la laïcité, de la justice respectueuse du droit, de la solidarité, et de la doctrine des Droits de l’Homme. Il a eu pour conséquence l’apparition des sociétés les plus libres et les plus prospères.

Si l’Humanité doit tout cela aujourd’hui à un seul homme, il est bien évident que sa naissance, même décrétée par un Empereur Romain, doive être célébrée partout, en tant que fête des valeurs humaines et politiques universelles consacrant la Liberté, particulièrement dans les sociétés qui demeurent tributaires de coutumes et de croyances qui menacent à chaque fois de rebondir pour les submerger et les renvoyer vers les tréfonds des âges obscurs.

Pourquoi l’islam n’a-t-il pas suivi cette évolution humaniste que tout laissait présager lors de son âge d’or ? La réponse serait trop longue. La meilleure manière de la résumer se situe dans cette réflexion d’un historien français : «En Islam, la renaissance a précédé le moyen âge !».

* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.

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