Le président américain Donald Trump a été acquitté pour la seconde fois par le Sénat après la procédure d’impeachment engagée contre lui par la majorité des représentants Démocrates du Congrès. Preuve s’il en est encore besoin de la crise de la démocratie aux Etats-Unis, le pays dont elle est l’emblème, qui soumet les impératifs de la justice aux contraintes du jeu et des intérêts politiques.
Par Dr Mounir Hanablia *
Les violences de Capitol Hill avaient fait une demi-dizaine de morts et entraîné le saccage, par les partisans du président Trump répondant à son appel, du prestigieux bâtiment abritant la Chambre des Représentants, symbole de la démocratie américaine, au cours de la réunion consacrée à la validation définitive des résultats des élections présidentielles.
Un cas d’école dans l’histoire du cynisme politique
Les 57 voies pour la destitution n’ont pas atteint le quorum nécessaire, qui est de 60, bien que 7 membres du parti Républicain aient voté contre l’ancien président. Mais une fois encore, Mitch Mc Connell, le leader de la majorité républicaine au Sénat, qui a voté pour l’acquittement, a démontré toute l’étendue de l’implication du parti Républicain dans l’impunité dont n’a cessé de bénéficier l’ancien président américain tout le long de son mandat.
Au cours d’une déclaration faite par le sénateur après l’acquittement, et qui restera sans aucun doute un cas d’école dans l’histoire du cynisme politique, il a déclaré : «Donald Trump est moralement et politiquement responsable de tout ce qui est arrivé; il est coupable. Mais il n’est aujourd’hui plus le président, et il ne sert donc à rien de le condamner».
La justice soumise aux contraintes des intérêts politiques
Évidemment cette prise de position n’est pas dénuée d’arrière pensées politiques, elle reflète avant tout le souci du parti Républicain de ménager et de récupérer l’ensemble de l’électorat, celui qualifié d’Amérique profonde, qui avait trouvé dans l’ancien président un leader charismatique autour duquel il s’était regroupé contre les Démocrates, qualifiés d’oligarchie de Washington, et d’Etat profond. Mais cette prise de position de Mitch McConnell reflète bien la profondeur de la crise de la Démocratie dans le pays dont elle est l’emblème, qui soumet les impératifs de la justice aux contraintes du jeu et des intérêts politiques.
À ceux qui veulent destituer le président Saïed
C’est là un constat qui explique également la crise politique que traverse notre pays, la Tunisie, et sur lequel devraient méditer tous les va-t-en guerre, prompts à réclamer l’ouverture d’un processus d’impeachment contre le président Kais Saied, qui, lui, ne s’est rendu coupable d’aucune faute pouvant le justifier. Hormis les cas de malversation ou trahison, aucune majorité parlementaire, et aucune Cour constitutionnelle n’ont le pouvoir de destituer un président élu par le peuple durant l’exercice de ses fonctions. S’il y a crise politique, c’est au gouvernement de démissionner et au parlement d’être dissous, dans la perspective de nouvelles élections. Hormis cela, il n’y a point de solution.
* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.
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