L’incertitude régnant actuellement en Tunisie sur la stratégie nationale de vaccination contre la pandémie de la Covid-19 est une source d’angoisse pour tout les citoyens, toutes catégories confondues, et peut provoquer des troubles sociaux et des protestations populaires, qui plus est, dans un contexte de crise généralisée.
Par Amine Ben Gamra *
«Le monde fait face à un échec moral catastrophique, et le prix de cet échec sera payé par les vies et les moyens de subsistance dans les pays les plus pauvres du monde», a déclaré Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui parle, on l’a compris, du scandale de la distribution inégale du vaccin anti-Covid à travers le monde, les pays les plus riches se partageant l’essentiel de la production des laboratoires pharmaceutiques, qui font face, de leur côté, à une très forte demande, difficile à satisfaire dans des délais courts.
Eviter les approches régionalistes égoïstes
Certains pensent que tout le monde a le droit au vaccin, indépendamment de la richesse du territoire sur lequel il vit. D’autres estiment qu’avec «une accélération de la distribution des vaccins dans une région à forte densité d’habitants et d’entreprises, et qui constitue un des principaux moteurs économiques du pays», on contribue automatiquement à la reprise des activités dans tout ce pays.
C’est d’ailleurs ce qu’a déclaré Letizia Moratti, ministre de la Santé de Lombardie, la région la plus riche d’Italie du fait de la présence sur son territoire de nombreuses usines et sièges d’entreprises. Elle pèse d’ailleurs, à elle seule, environ un quart du PIB italien. Elle a demandé, sans ciller, que les vaccins soient distribués en fonction du PIB des régions. Donc plus on a de l’argent, plus on peut obtenir de vaccins.
Cette approche égoïste, qui met en danger les habitants des régions les plus pauvres et les plus vulnérables dans le monde, est inadmissible et vouée à l’échec. Car une répartition inéquitable des vaccins ne fera que prolonger la pandémie, ainsi que les restrictions nécessaires pour la contenir, et les souffrances humaines et économiques.
La Tunisie à la traîne en matière de vaccination
En Tunisie, où les vaccins tardent à arriver, on est largement à la traîne. Et face à la rareté du vaccin anti-Covid d’une part et à la hausse des décès dus à cette pandémie d’autre part, les autorités ont du mal à mettre en place une véritable stratégie nationale de vaccination et à programmer une reprise ordonnée des activités, notamment économiques, très affectées par les mesures sanitaires mises en œuvre pour faire face à la propagation du méchant virus. Elles montrent d’ailleurs une grande hésitation et se murent même parfois dans un étrange silence, évitant de se prononcer clairement sur la question.
Or, il est grand temps de clarifier les choses et de donner des perspectives aux gens car l’incertitude régnant actuellement et le manque de visibilité compliquent la tâche des opérateurs économique qui ont besoin de planifier la reprise de leurs activités. Et cela est surtout valable pour les voyagistes et les hôteliers.
Pis encore, cette incertitude est une source d’angoisse pour tout les citoyens, toutes catégories confondues, et peut provoquer des troubles sociaux et des protestations populaires, qui plus est, dans un contexte de crise généralisée.
* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptables de Tunisie.
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