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Les trois disgrâces de Tunisie

Il y eût les trois grâces. Ce sont trois beautés, représentant dans la mythologie grecque, les déesses du charme, de la beauté et de la créativité … Telles que dépeintes par Botticelli dans son célèbre tableau. Elles donnent à voir. En Tunisie on a mieux que ces trois grâces. On a les trois disgrâces.

Par Fathi Bchir *

L’une est au Bardo, l’autre à la Kasbah et enfin, la pire, la muette, siège à Carthage. **

La première a les dents longues, rêvant de dévorer tout un pays.

La grâce qui occupe inutilement un siège dans les ruines devenant antiques de la Kasbah ressemble plutôt la Vénus de Milo. Elle n’a pas de bras et ne sait rien faire des dix doigts qu’elle n’a pas.

Cette grâce gouvernementale assise sur les genoux noueux de la déesse du Bardo a l’illusion de gouverner. Elle ne fait qu’obéir aux ordres. Mais elle doit aussi chaque jour subir les oracles de la Delphes de Carthage annonçant la catastrophe à venir.

Cette dernière, altière et au verbe épais, se caractérise par une absence totale de langue et elle a bouche cousue. Ses bras sont extrêmement courts qui la rendent incapable d’agir.

L’une comme l’autre sont dans une mouise innommable.

Les trois disgrâces tunisiennes ne servent à rien. Inutiles. La seule évocation de leur existence semble annoncer le commencement de la faim. Le pays finira par voir s’envoler ses rêves autant que les prix des fruits des légumes du sucre et du pain.

La panne de sens menace. On a envie de leur dire un seul mot, en demande, «des gages!». Le pays entier veut des gages quant à leur volonté de bouger enfin et de redresser la situation avant qu’il soit trop tard sinon le peuple tunisien n’aura plus qu’un autre mot à leur dire : «DEGAGE!».

Nous semblons approcher d’un tel moment. Le plus tôt sera le mieux.

* Journaliste tunisien basé à Bruxelles.

** Successivement, Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée, Hichem Mechichi, chef du gouvernement, et Kaïs Saïed, président de la république.

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