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Les lagunes en Tunisie, des espaces naturels menacés

A l’occasion de la journée mondiale des zones humides, la chercheuse tunisienne en biologie marine Oum Kalthoum Ben Hassine donnera une conférence aujourd’hui, mercredi 2 février 2022, à 16 heures, à l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beit Al-Hikma), à Carthage, sur le thème : «Les lagunes tunisiennes : des espaces naturels remarquables à protéger». Pour des raisons sanitaires, le public pourra suivre la conférence à distance via la page Facebook de l’Académie.

Les lagunes tunisiennes représentent une partie importante du paysage côtier et constituent la plupart des masses d’eau naturelles permanentes des zones humides. Parmi ces étendues d’eau, les principales, au nombre de huit, sont situées le long d’une portion littorale d’environ 1000

km. Elles diffèrent les unes des autres par leur localisation, la morphologie de leur plan d’eau, leur superficie, leur profondeur, les échanges d’eau avec le milieu environnant (bassin versant et mer), la

voie de communication avec la mer ouverte, leurs caractéristiques physiques, physico-chimiques et environnementales.

L’originalité de ces lagunes réside en leurs valeurs paysagères et écologiques exceptionnelles, leur richesse ornithologique avec les nombreux oiseaux aquatiques qu’elles abritent, leurs habitats et leurs espèces remarquables dont certaines constituent des éléments patrimoniaux naturels d’exception mais aussi les engins de pêche précautionnels qui y sont utilisés et qui constituent des éléments importants du patrimoine culturel qui s’est forgé au fil des siècles.

Cependant, ces lagunes, remarquables par leur biodiversité et leur importance patrimoniale aussi bien naturelle que culturelle, souffrent des effets néfastes de diverses activités anthropiques. En effet, ces étendues d’eau sont confrontées à deux types de pressions anthropiques, à savoir

la construction de barrages sur les affluents et les rejets de déchets domestiques, industriels, agricoles et aquacoles qui occasionnent une dégradation de la qualité de leurs eaux et de leurs sédiments et menacent leur biodiversité.

Diverses études ont été consacrées aux conséquences des perturbations engendrées par ces pressions anthropiques. Elles ont mis en évidence des changements au niveau des caractéristiques écologiques des lagunes et de la composition de la biodiversité. En outre, elles ont démontré l’existence de graves effets biologiques.

L’ensemble de ces affections a entraîné une réduction de la richesse spécifique et le déclin de la pêche dans ces plans d’eau.

Cette situation a imposé des travaux d’aménagement et de réhabilitation dans certaines de ces lagunes. Les résultats des recherches menées durant la période ayant suivi la réalisation de ces travaux ont révélé la présence de signes évidents d’amélioration au niveau de l’ensemble des écosystèmes ciblés par les actions d’aménagement.

Oum Kalthoum Ben Hassine est professeur émérite des universités, titulaire d’une licence de sciences naturelles (1970), d’un DEA de biologie marine (1971), d’un doctorat de spécialité en biologie marine (1974) et d’un doctorat d’Etat ès sciences de l’Université des sciences Montpellier 2 (1983).

Elle a débuté sa carrière d’enseignante universitaire, en 1971, comme assistante de biologie animale à la Faculté des sciences de Tunis où elle a été promue maître assistante et où elle a poursuivi sa carrière professionnelle jusqu’à son détachement, à la fin de l’année 1978, auprès du CNRS à Montpellier. Après une année au CNRS, elle a été recrutée en 1980 en tant qu’enseignante à l’Université des sciences Montpellier 2. En 1984, elle a regagné la Faculté des sciences de Tunis où elle a monté, en tant que professeur, un laboratoire spécialisé en biologie et écologie marines, ce qui lui a permis de développer des axes de recherche sur les écosystèmes et les bioressources marins, former et diriger une équipe de recherche et mettre en place un DEA puis alternativement trois mastères pour la formation de futurs chercheurs tunisiens, en plus de la conception et de la mise en œuvre dans le cursus universitaire d’enseignements nouveaux.

Elle est l’auteure de nombreuses recherches récompensés par des prix (7 internationaux et 7 nationaux).

Oum Kalthoum Ben Hassine est membre correspondant de l’Académie européenne des sciences, des arts et des lettres depuis 2011 et membre du conseil scientifique de la Fondation internationale Sharing Knowledge depuis 2014.

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