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Roman-feuilleton du Ramadan – «Aux origines de l’islam» : Naissance d’un État

Omar Ibn Al-Khattab.

Sous le second califat, s’étendant de l’an 13 du calendrier hégirien – qui allait bientôt être instauré – correspondant à l’année 634 chrétienne à l’an 23 de l’hégire (soit 644 après J.-C.), la conquête de la Mésopotamie, de la Syrie et de la Palestine fut achevée ; celle de l’Égypte l’était pour l’essentiel, mais dura deux ans encore après la mort du calife et ce jusqu’en 646 après J.-C., an 25 de l’hégire.

Par Farhat Othman

Deux ans avant la mort d’Omar, les Byzantins avaient dû évacuer Alexandrie et comme dans nombre d’autres villes occupées par les Arabes, les nouveaux conquérants s’engagèrent à respecter la liberté du culte et l’autogestion des chrétiens moyennant le paiement du tribut annuel de la Jizya ou capitation.

Avec l’élargissement de l’étendue de sa souveraineté, le deuxième calife avait deux impératifs majeurs : outre la mise sur pied du nouvel État arabo-musulman, il devait se conformer à une recommandation majeure du prophète.

Abou Bakr n’avait pu réaliser cette exhortation et la rappela lors de sa maladie. La péninsule arabique devant être terre d’islam, il fallait en évacuer juifs et chrétiens ; aux dires mêmes du prophète, il ne saurait y avoir deux religions.

Les juifs autour de Médine ayant été déjà bannis, ceux de Khaybar émigrant en Palestine, Omar envoya ses hommes au Yémen, parallèlement aux expéditions en Perse et en Syrie, pour déplacer les populations chrétiennes de Najran vers une autre terre à choisir hors d’Arabie. Ce sera en Syrie et en Irak, notamment. Ses recommandations au général de ses troupes étaient claires et précises pour l’exécution de ses commandements : — Tu iras sur leurs terres, mais tu ne les détourneras pas de leur religion ; tu en banniras ceux qui garderont leur religion et tu y maintiendras le musulman. Tu cadastreras la terre de ceux que tu auras évacués et auxquels tu feras choisir une terre de substitution en les informant que nous les bannissons sur ordre de Dieu et de son prophète de ne point laisser deux religions dans l’île des Arabes. Ceux qui garderont leur religion auront une terre semblable à la leur en reconnaissance de notre part du droit qu’ils ont sur nous et par fidélité au pacte de protection et d’alliance que Dieu ordonne en faveur de nos sujets, gens du Livre.

En parallèle, et dans la continuité des guerres d’apostasie, il ne toléra pas que des Arabes fussent d’une croyance autre que l’islam en Arabie. Il alla jusqu’à écrire à l’empereur byzantin pour lui demander de chasser de ses terres les Arabes chrétiens qui s’y étaient réfugiés sous peine de bannir des terres de l’islam les populations chrétiennes qui s’y trouvaient.

Vous êtes les croyants et je suis votre prince, dit Omar à son entourage, se choisissant ainsi son propre titre.

Omar fut le premier, en effet, à se faire appeler Prince des croyants. Il ne voulut pas qu’on fît comme pour son prédécesseur, trouvant par trop longue la dénomination de vicaire du vicaire du prophète, et qui risquait de s’allonger indéfiniment.

En ne définissant plus son régime politique par rapport au prophète, mais par rapport au lien unissant la communauté à son chef, il marqua imperceptiblement, d’une manière indirecte, l’entrée de la communauté musulmane dans une nouvelle ère de vie publique.

Omar édifia les premières bases de l’État musulman en créant les bureaux militaires et financiers, pour le paiement de la solde aux militaires et la distribution des richesses acquises aux musulmans, auxquels on donna le nom de Diwans ou administrations, et en établissant les registres afin de tenir les comptabilités. En cela, il suivit le conseil de ses chefs d’armées qui étaient passés par les contrées syriennes et y avaient observé la pratique publique de l’administration byzantine.

Dans ce nouvel État, les détenteurs de terres payaient l’impôt foncier ou Kharaj et les gens du Livre – soit les chrétiens, les juifs, mais aussi les zoroastriens, dont l’Avesta était considéré comme les Écritures – s’acquittaient de l’impôt de capitation ou Jizya en échange de la protection qui leur était due.

S’aidant des généalogistes de Médine, le prince des croyants se fit établir un premier registre comportant le nom des membres de la communauté, établi selon divers classements logiques.

Son entourage lui avait suggéré de commencer par lui-même en sa qualité de premier personnage politique, mais il se l’interdit fermement, choisissant la parentèle du prophète et mettant en premier Al Abbès, l’oncle de Mohamed, suivi des autres membres, du plus proche au moins proche. Ce fut son premier critère de classement.

En second mode de classification, il eut recours à un critère militaire, celui de la grande victoire de Badr, recensant les combattants qui y avaient pris part et leur famille. Il choisit ensuite de se référer à la participation à d’autres dates islamiques et à des moments héroïques, comme Al Houdaybia, la prise de La Mecque, la bataille d’Al Qadissya et d’autres en Irak, en Syrie et en Arabie. Enfin, il finit par les nombreuses et diverses tribus, en privilégiant toujours la référence à la conversion à l’Islam comme critère de classement au détriment de tout autre critère, notamment de lignée, de prestige ou de notoriété.

À chaque catégorie correspondait une somme d’argent versée par l’État sur le Trésor public. Tout musulman avait sa part qu’il fût homme, femme ou enfant, riche ou pauvre, Arabe et non Arabe. Elle était considérée comme un droit aux biens communs de la communauté, ce patrimoine que Dieu lui attribuait en vertu du cinquième prélevé automatiquement sur les richesses gagnées par les armées.

Omar avait comme credo de devoir tout distribuer et ne rien laisser dans le Trésor par esprit de justice et afin d’éviter les convoitises. À cette fin, on le voyait souvent, le dossier de la tribu du jour sous le bras, se charger lui-même d’une distribution nominative.

De ces richesses, il exclut cependant une catégorie que le prophète et son prédécesseur ménagèrent pourtant. Il refusa ainsi la moindre distribution d’argent public aux pontes des païens et à ceux des musulmans qui ne l’étaient qu’en apparence, qu’on appelait les Fourbes ou les Imposteurs, recourant à la raison pour justifier cette innovation dans la pratique religieuse qu’il se permettait.

On leur a donné du temps où l’islam était faible ; ainsi se protégeait-il d’eux, soutenait-il. Maintenant que Dieu a permis de se passer de leur neutralité, ils n’ont qu’à choisir entre la croyance ou l’infidélité.

Aussi attaché que son prédécesseur à suivre l’exemple de leur illustre maître, Omar n’hésitait donc pas à prendre des initiatives quand les nouvelles réalités les lui imposaient. Et une fois qu’il avait décidé quelque chose, plus personne ne pouvait lui résister.

Pour le respect des lois régissant la vie de la nouvelle cité, on le savait jamais hésitant à lever la baguette – cette sorte de prolongement quasi naturel de ses mains – au visage de n’importe quel contestataire, fût-il Compagnon, chef d’une tribu, notable de Médine ou de Qoraïch.

Le général Saad Ibn Abi Wakkas, Compagnon du prophète et vainqueur de la bataille d’Al Qadissiya, en fit l’expérience quand, venant chercher sa part et, malgré sa toute petite taille, il se permit de bousculer les gens attroupés autour du calife distribuant l’argent qu’il venait de réceptionner de l’un des fronts.

Faisant encore une fois œuvre d’interprétation, Omar interdit toute analyse laxiste du coran en matière d’alcool et mit ses adeptes devant l’alternative suivante : admettre l’interdiction et être fouettés pour avoir osé mentir à son sujet ou la refuser et se faire mettre à mort. Et c’est en vain que les amateurs d’alcool tentèrent de faire prévaloir une interprétation extensive, tout à fait possible pourtant, des termes coraniques aboutissant progressivement à l’interdiction des boissons alcoolisées. Celles-ci étaient très prisées avant l’avènement de l’islam et sa consommation fort répandue, même si d’aucuns se firent une réputation en se l’interdisant bien avant la lettre du Coran.

Pareillement, il osa innover — contrariant ainsi une pratique admise par le prophète — en interdisant l’esclavage par leurs compatriotes des Arabes vaincus lors d’une bataille ou faits prisonniers à l’occasion d’une razzia. Au moment même où arrivaient en masse en Arabie des captifs étrangers, il trouvait inconvenante la pratique fort répandue de la captivité et de l’esclavage entre Arabes, et il fit en sorte que tous les prisonniers arabes furent rachetés de leurs maîtres à l’exception des femmes ayant donné un enfant à son propriétaire. C’est dans cet ordre d’esprit qu’il eut sa répartie, devenue célèbre : «De quel droit asservir les gens naissant libres ?»

Autant Omar tenait à tout répartir entre les membres de la communauté, autant il était tatillon et intraitable dans la gestion des biens de l’État et de la moralité publique. En matière de mœurs, il instaura un ordre moral strict, exigeant des poètes et des chanteurs un code de vie épuré, allant jusqu’à proscrire la poésie érotique et les cantilènes amoureuses, de tradition pourtant dans la culture de ses sujets.

Interdits ainsi d’évoquer dans leurs poésies les femmes mariées, de chanter les jeunes beautés, les amateurs de rimes durent apprendre à contourner la censure pour s’adonner à leur art, et les plus divers moyens firent floraison.

À La Mecque, les chanteurs professionnels durent oublier pour un temps leur habitude d’aller à la rencontre des cortèges des pèlerins, et les efféminés s’y firent discrets pour éviter les foudres des autorités ou la vigilance de ceux qui avaient, parmi leurs compatriotes, une âme de veilleurs de la moralité publique.

En matière de biens, les animaux du Trésor étaient marqués comme «Legs de Dieu» ; et on voyait régulièrement Omar, par chaleur étouffante, sous un soleil accablant, en vérifier la comptabilité. De plus, pour garder ou surveiller un nouvel arrivage de biens et dissuader d’éventuels voleurs de s’approcher des animaux de la communauté, il lui arrivait fréquemment de faire des rondes de nuit.

C’était lors de l’une de ces tournées nocturnes ; accompagné d’un ami, à la lumière de torches, il déambulait dans les rues obscures, le pas néanmoins rapide comme à son habitude et, sur les épaules, son manteau de tous les jours, usé et raccommodé. Soudain, une pâle lueur se profila à l’entrée de la ville où se faisaient entendre des cris d’enfants. S’y dirigeant, intrigués, les deux hommes trouvèrent dans un recoin, assise sur une natte usée, une mère jeune toute fripée avec, au cou, trois gosses en pleurs, une marmite sur un petit feu de bois à ses pieds.

Dans le froid sec de cette nuit, la pauvre femme n’avait où aller ni de quoi faire taire ses bambins dont elle essayait de tromper la faim avec un chaudron bouillant à vide le temps que le sommeil eût fini par les gagner. Et pour faire retomber sa colère, elle pestait contre un calife chargé de tous les maux, rendu seul responsable de son malheur.

Enquêtant sur sa situation, Omar ne lui fit pas connaître sa qualité. Puis, toujours accompagné de son second, il courut vers le local du Trésor. Il en ressortit chargeant sur son dos un ballot de farine et de graisse. Quand son compagnon voulut l’aider à le porter, il refusa net, lui demandant juste de le lui ajuster sur le dos et lui criant au visage, comme il insistait : — Dis ! Porterais-tu le fardeau de mes péchés au jour du Jugement dernier ?

Remettant ce qu’il transportait à la femme, il s’aplatit par terre en soufflant fort, tentant de rallumer le feu. La fumée ne tarda pas à s’épaissir et les volutes dansèrent au travers de l’immense barbe du calife à plat ventre par terre et qui ne quitta la marmite qu’une fois que la marmaille fût servie.

Se mettant ensuite de côté, il demeura à sa place, observant la joie des enfants à se rassasier et ne quitta les lieux que quand le sommeil les gagna. Il s’éloigna alors, en cachant son émotion à son compagnon, répondant simplement à la mère qui le remerciait, le disant bien plus digne de gouverner que le prince des croyants : — Dites-en plutôt du bien ; si vous veniez voir le prince des croyants, vous m’y verriez, si Dieu le veut bien.

Le second calife du prophète voulait ne faire qu’un seul corps avec son peuple. Lors de l’année de cendres, la terrible dix-huitième de l’hégire, commençant par la famine et se terminant par la peste, il jura de ne toucher ni au beurre fondu ni au lait ni à la viande tant que n’en auraient pas eu tous les gens de la ville.

Très strict quant à l’exigence d’observance minutieuse des préceptes de la religion et de la pratique du prophète, il ne l’était pas seulement avec ses sujets ; en effet, il commençait par le vérifier dans sa propre famille à laquelle, étant conscient du poids de l’exemple, il réservait le double de la peine dans l’hypothèse de la moindre infraction.

Son intendant – demeuré au service de son successeur – se sera souvenu de son exemple avec les larmes aux yeux. L’argent des aumônes venait d’arriver et le nouveau calife ne retint pas son jeune enfant de prendre une pièce dedans. Or, quelques années plus tôt, lors d’une scène strictement similaire, Omar avait rabroué son enfant, lui arrachant de la main la pièce, la remettant avec les autres. Cette émotion serait-elle anachronique ? Le troisième calife ne manqua pas de s’exclamer : — Mais qui saurait ressembler à Omar !

Le prince des croyants était conscient que son rigorisme moral et son intégrisme politique pouvaient verser dans l’excès qu’il savait nécessairement préjudiciable et mauvais ; il ne contestait pas, en effet, que la justice dans la démesure pût être de l’injustice à outrance. Aussi, il se retenait parfois d’aller trop loin.

Lors de l’une de ses nuits de patrouille, il surprit certaines personnes en train de consommer de l’alcool. Le lendemain, il convoqua l’un d’eux pour le lui reprocher et obtenir son aveu afin de lui faire subir la peine prescrite de coups de fouets. Mais l’incriminé eut une répartie intelligente qui laissa le calife sans voix. Il lui demanda, en effet, comment il sut qu’il avait bu et, à la réponse d’Omar qu’il l’avait vu, il protesta : — Dieu ne t’a-t-il pas interdit d’espionner les gens ?

Si Omar accepta de fermer les yeux sur sa faute et celle de ses compagnons, c’est qu’il admettait, parfois, se laisser volontiers porter à l’excès dans ses agissements par la force et la rigidité de ses principes. Ce faisant, il ne pouvait penser avoir le tort d’agir dans un sens ou dans l’autre ; il savait que la mise sur pied d’un État demandait autant de rigidité – quitte à tolérer de temps en temps des exceptions – pour éviter à la machinerie de coincer et la faire fonctionner sans fausse note.

Dans les provinces nouvellement acquises, l’État d’Omar ne fonctionnait pas mal avec le maintien de l’administration antérieure qui a continué à tourner selon ses us et coutumes, y compris la langue, l’arabe n’y entrant que bien plus tard, au temps du plus illustre des Omeyyades.

Isolant au départ les troupes dans de nouvelles cités militaires, il fut par la suite le créateur de provinces (Amsar) en bâtissant de nouvelles villes qui n’étaient plus seulement militaires. Ainsi naquirent Basra et Alkoufa ; la première au bas Irak en août 637 (an 16 de l’hégire) et la deuxième une année plus tard sur un bras de l’Euphrate. Et il suivit de près leur émergence en prescrivant l’utilisation de la canne et du roseau dans les constructions avant d’autoriser la brique cuite sous de strictes consignes quant au nombre des pièces et la hauteur des bâtiments.

C’est de son temps qu’on vit apparaître le noyau de la monnaie musulmane : des Dirhams à l’effigie de Chosroès avec des prénoms arabes. Il fut surtout le premier à instaurer, en l’an 16 de la nouvelle ère, le calendrier hégirien, correspondant au départ du prophète de La Mecque à Médine (appelé Hégire ou Hijra). Il en fixa le début au 16 juillet 622 du calendrier chrétien. À double titre, cette date était une convention.

Tout à fait normalement, elle a fait démarrer le calendrier musulman le premier jour du mois arabe, soit le 1er Moharram, alors que la sortie du prophète de La Mecque eut lieu au mois de rabii 1 soit deux mois plus tard, les mois du calendrier hégirien s’ordonnant comme suit :

1) Moharram, 2) Safar, 3) Rabii I, 4) Rabii II, 5) Joumada I, 6) Joumada II, 7) Rajab, 8) Chaabane, 9) Ramadhane, 10) Chaoual, 11) Dhoul-kaada, 12) Dhoul-hijja.

De plus, d’après les calculs astronomiques, la conjonction entre la lune et le soleil eut lieu le 14 juillet 622 à 07 : 06 TU (Temps Universel) ce qui donnait le 15 juillet comme date correspondant au début du mois de Moharram, le croissant de la nouvelle lune devant être repérable à l’oeil nu au crépuscule du 14.

Comme on s’adonnerait à une passion, Omar faisait tout à la fois. De jour, son inséparable badine en main, il assurait la police du marché, rendant la justice, répartissant les biens publics. De nuit, il veillait à l’ordre moral, surveillant la consommation d’alcool, essayant de prévenir les pratiques illicites. De tout temps, au service de ses concitoyens, il mettait à l’œuvre son génie politique et son sens administratif ainsi que son remarquable talent de législateur.

Et il avait l’œil à tout, surtout sur ses agents dans les provinces, sommés de se présenter devant lui à l’occasion du pèlerinage annuel afin de rendre compte de leur gestion et de leur respect des principes de justice et d’équité dans l’exercice de leurs fonctions.

De ses nombreuses compétences, il aimait particulièrement à pratiquer celle de législateur ; tout au long du vicariat d’Abou Bakr, du reste, il fut en charge de la justice, notamment celle du Yémen. Mais, à Médine, c’était l’un des plus grands Compagnons du prophète, le Renfort de la tribu Khazraj, Zayd Ibn Thabit, qui était en charge de tout ce qui avait trait à la justice et aux affaires de la religion. C’était par lui, au demeurant, qu’Omar se faisait remplacer lors de ses déplacements en dehors de la ville du prophète, devenue le centre du pouvoir et la capitale de l’islam.

Né en l’an 40 avant l’hégire, soit en 583 après J.-C., treize années après le prophète, Omar trouva la mort à l’âge de soixante ans. Ce jour-là, il ne fut pas étonné de mourir ou le fut à peine, et ce quant à la manière, pour le moins. Outre la poésie, il s’intéressait aux autres religions et aux cultures anciennes ; il aimait la compagnie de gens érudits, des anciens notables de Perse et d’ailleurs.

Dans son entourage, il y avait un Arabe juif converti à l’islam ; on l’appelait Kaab AlAhbar, soit Grand rabbin ; c’était une référence double : à son rang dans son ancienne religion et à son savoir, le terme prêtre ayant en arabe la signification de savant érudit.

La première fois qu’il chercha à rencontrer Omar, demandant comment l’approcher, Kaab Al Ahbar fut étonné qu’on lui répondît qu’il n’avait ni porte ni rideau ni planton pour le séparer de ses sujets. Il allait à la prière et son devoir envers Dieu aussitôt accompli, il s’asseyait dans la mosquée pour que tout un chacun pût s’adresser à lui.

Omar aima la compagnie de Kaab AlAhbar ; il lui demandait souvent de lui parler des anciennes écritures et s’intéressait particulièrement à tout ce qui se racontait sur l’Antéchrist. Un jour, Kaab AlAhbar vint lui dire que, dans les livres anciens, il était dit qu’il allait mourir dans trois jours…

À suivre…

* Aux origines de l’islam. Succession du prophète, ombres et lumières », roman de Farhat Othman, éd. Afrique Orient, Casablanca , Maroc, 2015.

Précédents épisodes :

Roman-feuilleton du Ramadan- «Aux origines de l’islam» : Une religion universelle

Roman-feuilleton du Ramadan – «Aux origines de l’islam» : Le choix du chef

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