Tunisie : Rached Ghannouchi continue de mentir effrontément

Le président du mouvement Ennahdha et président du parlement dissous, Rached Ghannouchi, a estimé, dans une interview diffusée par BBC Arabic, que l’action politique n’est pas angélique, mais plutôt une action humaine qui peut comporter des erreurs, déclarant : «Nous avons fait des erreurs, et cela ne fait aucun doute, et la première erreur que nous avons commise a été d’élire un président auquel nous n’aurions pas dû nous opposer aujourd’hui», par allusion à Kaïs Saïed.

Par Imed Bahri

«Le mouvement Ennahdha avait auparavant cédé le pouvoir lorsque cela était nécessaire», a-t-il aussi avancé, en expliquant : «En 2013, nous nous sommes retirés du pouvoir lorsque la situation était devenue intenable, et qu’il y avait une volonté de renverser les révolutions arabes, comme cela s’est produit en Égypte».

En fait, ce que M. Ghannouchi omet de dire c’est que l’ancien chef de gouvernement islamiste Ali Larayedh avait été poussé à la démission par un mouvement de protestation qui avait duré tout l’été et tout l’automne de 2013 et qui exigeait le départ des islamistes du pouvoir, et ce après les assassinats de deux dirigeants politiques de gauche, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, commis par des extrémistes issus de la mouvance islamiste, sans parler des attaques terroristes perpétrés contre les unités sécuritaires et armées et qui avaient fait des dizaines de morts.

La «démocratie» au service des islamistes

Dans l’entretien avec BBC Arabic, le chef islamiste a aussi déclaré : «Nous nous sommes soumis à la logique du dialogue national mené par les organisations de la société civile, et nous étions probablement le seul parti de la région à avoir cédé un pouvoir auquel nous avons accédé par des élections… et nous sommes toujours prêts à faire n’importe quelle concession pour pour que la démocratie perdure.»

Et là aussi, M. Ghannouchi pèche par omission, car, faut-il le rappeler, Ennahdha avait accédé au pouvoir, à la suite des élections de l’Assemblée nationale constituante (ANC), en octobre 2011, dans le cadre d’un accord qu’il avait signé avec les autres partis et des représentants de la société civile en vertu duquel la nouvelle constitution devait être rédigée dans un délai maximum de 12 mois. Or, les islamistes et leurs alliés ont fait durer l’opération plus de trois longues années au cours desquelles ils ont cherché à infiltrer tous les rouages de l’Etat et à imposer leur modèle de société obscurantiste. Et c’est ce qui a alimenté le vent de la contestation contre eux et leur projet anti-démocratique.

Evoquant ensuite l’annonce des mesures exceptionnelles par le président de la république, le 25 juillet dernier, M. Ghannouchi a déclaré que lorsque le «coup d’État» a eu lieu, Ennahdha n’était pas au pouvoir, affirmant : «A cette époque, nous ne faisions que soutenir le pouvoir du bloc parlementaire et nous n’étions pas au pouvoir», a-t-il dit, en mentant effrontément, car tous les Tunisiens se souviennent que les islamistes avaient poussé l’ancien chef de gouvernement Elyes Fakhfakh à la démission à la suite d’une vraie fausse affaire de conflit d’intérêt dont la justice vient de le blanchir et installé leur serviteur, Hichem Mechichi, au palais de Kasbah.

L’histoire de l’arroseur arrosé

Non seulement les islamistes étaient au pouvoir, mais ils installaient leurs hommes et femmes à tous les niveaux de l’administration publique, manigançaient jour et nuit avec toute la racaille politico-économique du pays et cherchaient à destituer Kaïs Saïed, un président élu par près de 73% des Tunisiens en 2019.

C’est pour faire face à ce projet diabolique que les Tunisiens et les Tunisiennes s’étaient élevés, le 25 juillet 2021, contre le pouvoir des islamistes, exigé le limogeage du chef de gouvernement à leur solde et la dissolution de l’Assemblée qu’ils contrôlaient. Et les mesures exceptionnelles annoncées le soir même par M. Saïed étaient, en réalité, une réponse positive du chef de l’Etat à une revendication populaire.

Tout cela, bien entendu, le journaliste de BBC Arabic n’a pas cru nécessaire de le rappeler. Et de là à penser que la Grande-Bretagne cherche à remettre les islamistes en selle en Tunisie, il y a un pas que beaucoup d’observateurs n’hésitent pas à faire, sachant le passé de Rached Ghannouchi, qui a vécu plus de vingt ans au cœur du Londonistan, dont il était – et est toujours – l’un des principaux piliers.

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