La Tunisie face au déficit chronique de la balance alimentaire

Alors que le spectre de la famine hante l’esprit des décideurs dans les pays en développement, en raison de la hausse des prix des céréales suite à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui représentent 40 % des exportations mondiales de ce produit, la Tunisie, qui importe annuellement entre 30 et 40% de ses besoins en céréales, continue d’afficher une balance commerciale alimentaire déficitaire.

En effet, la balance commerciale alimentaire de notre pays, qui traverse une grave crise financière et a de plus en plus de difficultés à financer ses importations, a affiché un déficit de 823,2 millions de dinars tunisiens (MDT) à fin avril 2022, contre un déficit de «seulement» 574,4 MDT durant la même période de l’année précédente, le taux de couverture ayant atteint 73% en 2022 contre 75,3% en 2021, indique l’Observatoire national. de l’agriculture (Onagri), lundi 16 mai 2022.

Rythme plus élevé des importations de céréales

En termes de valeur, les exportations alimentaires ont enregistré une augmentation de 26,9% tandis que les importations ont augmenté de 30,9%.

Le déficit résulte du rythme plus élevé des importations de céréales (+25,1%), de sucre (+234,8%) et d’huiles végétales (+67,5%). Elle a été enregistrée malgré une hausse des exportations d’huile d’olive (+42,9%).

Une nette amélioration du prix moyen de l’huile d’olive (10,15 TND/kg) a été enregistrée, en hausse de 29,8% par rapport à l’année précédente.

Le prix du blé dur a augmenté de 93,4% par rapport à l’an dernier. Les prix des autres produits céréaliers (blé tendre, orge et maïs) ont connu une hausse comprise entre 27% et 58%, principalement liée à l’impact de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Les prix à l’exportation ont augmenté de 29,8% pour l’huile d’olive et de 13% pour les agrumes, par rapport à la même période l’an dernier. En revanche, ceux des tomates, des produits de la pêche et des dattes ont baissé respectivement de 13,5%, 6,4% et 3,4%.

L’Onagri a constaté une augmentation significative des importations de viande, de sucre et de pomme de terre, à fin avril 2022. Les prix à l’importation des céréales ont augmenté de 93,4% pour le blé dur, 58,2% pour l’orge, 47,5% pour le blé tendre et 27,3% pour le maïs. Il en est de même pour le prix du sucre (+61,6%) et des huiles végétales (+58,2%)

Le déficit global de la balance commerciale du pays s’est accru de 49,8% à fin avril 2022 à 6.622,3 MDT contre 4.420,7 MDT en 2021.

Les importations totales sont passées de 19.621,7 MDT à fin avril 2021 à 25.567,4 MDT à fin avril 2022, en hausse de 30,3%.

Les exportations ont progressé de 24,6% passant au cours de la même période de 15.201 MDT à 18.945,1 MDT.

L’énergie, les matières premières et les produits semi-finis représentaient ensemble 51,4% des importations globales du pays.

Les exportations alimentaires représentaient 11,7% des exportations totales.

Les importations alimentaires représentaient 11,9% des importations totales. La part du déficit commercial alimentaire dans le déficit commercial global a diminué de 0,6% par rapport à la même période l’an dernier, passant de 13% à 12,4%.

L’agriculture, un secteur laissé à l’abandon

Ces données statistiques varient très peu d’une année à une autre, selon les aléas climatiques et ceux liés aux évolutions du marché mondial, mais elles perdurent et soulignent la nécessité de revoir notre politique économique et de la réorienter vers la production agricole et agroalimentaire. Les terres domaniales laissées en friche ou très mal exploitées par les offices publics sont le signe de l’inanité de nos politiques agricoles et du peu d’intérêt que les décideurs politiques accordent à ce secteur laissé quasiment à l’abandon.

(Avec Tap).

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