Tunisie – Tourisme : que fait-on pour la propreté des plages ?


Une lectrice nous a écrit pour attirer notre attention sur un grave problème qui risque de jeter une ombre lourde sur la reprise de l’activité touristique en Tunisie après la parenthèse de la pandémie de Covid-19, c’est celui des déchets sur nos plages, une véritable catastrophe environnementale. Les responsabilités doivent être délimitées et des actions concrètes mises en route en urgence pour faire face à ce problème avant la haute saison estivale.

Par Imed Bahri

Alors que les autorités gouvernementales et les professionnels du tourisme se félicitent du retour des touristes européens et de la hausse constatée des réservations pour la haute saison estivale, et que les transporteurs, les hôteliers, les restaurateurs et les autres opérateurs du secteur mettent les petits plats dans les grands pour préparer leurs établissements et leurs personnels à une forte reprise des activités, il y a ce grand problème environnemental qui risque de tout gâcher.

Le plaisir gâché des baigneurs

En effet, chaque jour, en Tunisie, des millions de bouteilles en plastique sont utilisées, dont un certain nombre se retrouvent dans la nature ou échouent dans les plages, où elles mettent des siècles sinon des millénaires pour se désagréger.

Or, on le sait, les touristes sont aujourd’hui très sensibles à ce problème et très regardants sur le bon entretien des sites qu’ils visitent, et notamment sur la propreté des plages. Et à ce niveau, et à l’exception de quelques communes qui ont anticipé la forte reprise des activités, les mesures d’assainissement tardent à être prises et mises en route, alors que la saison estivale avance à grand pas et que les plages commencent à recevoir les baigneurs. Dire que le plaisir de ces baigneurs est souvent gâchée par la vue des déchets encombrant les plages et notamment les bouteilles en plastique et les canettes coupantes enfouies dans le sable est un euphémisme.

Alors que la plupart des pays méditerranéens concurrents de la Tunisie, comme Malte, l’Espagne, la Grèce, et même le Maroc et l’Egypte, ont pris les dispositions nécessaires pour préparer leurs plages et leur environnement d’une façon générale pour accueillir les flux des visiteurs, la Tunisie semble négliger encore cet aspect devenu très important au regard des touristes, devenus très sensibles à la qualité de l’environnement. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux s’expriment sur les réseaux sociaux et n’hésitent pas à poster des images et des vidéos des lieux sales ou mal entretenus qu’ils ont visités. Ce qui constitue une très mauvaise publicité pour leurs hôtes. Et cette mauvaise publicité ne concerne pas seulement la propreté des chambres d’hôtels, du linge et de la vaisselle mis à leur disposition; elle touche aussi l’environnement général où la plage constitue un élément important.

La fibre environnementale prime

«Le pouvoir d’achat ainsi que les montants des retraites sont en baisse partout en Europe. Beaucoup de retraités pourraient penser s’installer en Tunisie et contribuer ainsi à la relance de l’économie locale. Mais quand ils comparent, surtout après la pandémie, l’état de propreté des endroits où ils projettent de s’installer, la Tunisie pourrait être négativement affectée par le manque de propreté de ses plages», souligne une retraitée installée dans notre pays.

La question de la gestion des déchets sur les plages doit donc retenir l’attention des responsables nationaux, régionaux et locaux, ainsi que des professionnels du secteur qui ont parfois tendance à croire que leur responsabilité s’arrête aux limites de leurs établissements.

Il faut aussi interpeller les industriels qui mettent sur le marché des millions de bouteilles d’eau minérale en plastique, comme Délice, Safia, Marwa, Sabrine et les autres, qui sont directement concernés par ce problème, car ce sont eux qui profitent financièrement de cette manne, tout en polluant indirectement l’environnement par leurs emballages de bouteilles en plastique. Ce qu’ils peuvent faire, et on doit les y obliger s’il le faut par des lois assez dissuasives, c’est de mettre sur leurs emballages en caractères bien visibles l’avertissement suivant «Stop pollution», de financer des campagnes de sensibilisation publique à la propreté des plages, d’aider les communes à mettre en place sur les plages des cages en aluminium où les baigneurs peuvent jeter les bouteilles en plastique, qui seront ainsi collectées et recyclées. Mais pas seulement : ces chers industriels doivent aussi mettre la main à la poche pour alimenter un fonds de tourisme durable, qui contribuera à la préservation de l’environnement dans les périmètres à vocation touristique.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.