In memoriam : Moncef Dhambri, un esprit libre au service du progrès

Une rencontre a été organisée, samedi 4 juin 2022, dans un hôtel de Bizerte, pour saluer la mémoire de l’un des enfants de la région, le professeur universitaire et journaliste Moncef Dhambri, décédé le 4 avril dernier.

Par Imed Bahri

Des membres de la famille du défunt étaient présents, notamment son épouse Chahrazed Almia et ses enfants Marouane et Fatma, ainsi que plusieurs de ses anciens collègues, notamment Ridha Kefi, directeur de Kapitalis, où Moncef Dhambri a travaillé au cours des dernières années, mais aussi Brahim Fridhi, Zouhaier Dhaouadi et Houcine Ben Achour, qui l’avaient connu du temps où il travaillait au magazine Dialogue, au quotidien Le Renouveau et à l’agence Tap, ainsi que des personnalités de la scène culturelle, médiatique et politique à Bizerte réunies par Rachid Bakkay, organisateur de l’événement.

Modestie, altruisme, bonté et dévouement à l’intérêt général

Les intervenants ont tous loué les qualités humaines et professionnelles de Moncef Dhambri, ainsi que son indépendance d’esprit et son dévouement à l’intérêt général. «Sa principale qualité était sa grande modestie, car à la différence de la plupart de ses confrères, il n’aimait pas parler de lui-même ni se mettre en avant ni jouer à la star, préférant se mettre au service de l’équipe et de l’intérêt général», a souligné Ridha Kefi, en louant aussi «sa bonté, sa générosité et son altruisme, qui faisaient de lui un excellent collègue et un ami attentionné, sur qui on peut toujours compter».

Rachid Bakkay, Ridha Kefi et Brahim Fridhi.

«C’est cette modestie qui a fait que Moncef Dhambri est resté inconnu en dehors du cercle restreint de ses collègues et amis», a expliqué Brahim Fridhi, ancien directeur du Renouveau, de l’agence Tap et de la Télévision nationale. «L’homme, dont les qualités humaines et professionnelles étaient louées par tous ceux avec lesquels il a collaboré, discutait rarement de sa rémunération. Il était surtout soucieux de rendre une copie la plus complète, la plus juste et la plus nette possible. Et acceptait sans discuter la rémunération qui lui est ensuite versée», a ajouté Brahim Fridhi, qui a souligné aussi le bonhomie du défunt, sa disponibilité et son humour saignant, car il savait intégrer un groupe et en devenir un élément régulateur et rassembleur. Ce rôle de liant, il l’a toujours joué, partout où il était passé, dans les médias déjà cités mais aussi à l’université où il a formé de nombreux professeurs de langue et de littérature anglaise, dont beaucoup étaient devenus ses collègues grâce à son soutien amical, notamment lors de la rédaction et de la soutenance de leurs thèses .

Houcine Ben Achour, célèbre journaliste économique, a insisté, de son côté, sur la simplicité du défunt, qui cherchait la compagnie des gens humbles et évitait celle des grands de ce monde, car il détestait les mondanités, les apparences et l’hypocrisie, et savait être amical, chaleureux, drôle, et ne refusait jamais son écoute et son aide à chaque fois que ses collègues le sollicitaient.

Un esprit libre attaché à la démocratie et au progrès

Pour Hamadi Ben Hammed, qui fut son premier directeur au quotidien Le Renouveau, et qui a fait parvenir un témoignage écrit, Moncef Dhambri a toujours fait preuve de rigueur intellectuelle et de patriotisme. Il s’est rappelé de leur première réunion, lorsque l’étudiant était venu demander d’intégrer l’équipe du journal et qui n’a pas hésité à exprimer une condition importante à ses yeux : l’indépendance qui était, pour lui, le corollaire de l’objectivité et de l’honnêteté. Quand on sait que Le Renouveau était l’organe officiel du RCD, le parti au pouvoir, donc aussi du gouvernement, on prend conscience de la hauteur d’esprit du défunt, qui était acquis aux principes du libéralisme anglo-saxon qu’il enseignait à l’université. C’est ainsi que, durant toute sa carrière, il était resté indépendant de tout parti politique et très imperméable aux idéologies exclusives. Cela ne l’empêchait pas d’être intellectuellement progressiste et de rejeter l’islam politique, aujourd’hui représenté par le parti Ennahdha, qui, selon ses écrits au cours des dix dernières années dans Kapitalis, était le principal responsable de la crise actuelle en Tunisie.

Cela pour dire que l’indépendance et la neutralité que le défunt observait scrupuleusement dans ses écrits n’interdisait pas une forme d’engagement personnel pour le progrès intellectuel et social.

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