Tunisie : Et si l’UGTT prenait exemple sur les syndicats allemands ?

Au lieu de poursuivre la surenchère revendicatrice et de chercher à jouer un rôle politique de premier ordre, qui n’a rien à voir avec la mission syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) gagnerait beaucoup à s’inspirer des syndicats allemands qui ont accepté des sacrifices au lendemain de la seconde guerre mondiale et, après la chute de Berlin en 1989, lorsque le coût de la réunification allemande s’est avéré très lourd.

Par Elyes Kasri *

La centrale syndicale de Farhat Hached et Ahmed Tlili doit reprendre son rôle patriotique et débarrasser ses rangs de la classe de démagogues et de profiteurs qui ont fait du travail syndical depuis 2011 un instrument d’enrichissement et de conquête du pouvoir qui, malheureusement dans l’écrasante majorité des cas, a fait couler l’économie tunisienne et appauvrir les entreprises et les travailleurs à coups d’instabilité sociale, de rigidité dans la gestion des entreprises face à la crise et d’une folie inflationniste qui a mené le pays au bord de l’abîme de la cessation de paiement et de la banqueroute.

Trêve de surenchères revendicatrices

L’UGTT devrait mettre de l’ordre dans ses rangs et pratiques et gagnerait à s’inspirer des syndicats allemands qui ont accepté des sacrifices lorsque le coût de la réunification allemande s’est avéré très lourd.

Trêve de surenchères et de pratiques qui n’honorent ni Farhat Hached ni Ahmed Tlili. L’heure du véritable patriotisme et du souci sincère de l’économie et de l’emploi est arrivée. Tergiverser et essayer contre toute logique de préserver des avantages exorbitants et très souvent personnels fera assumer au mouvement syndical tunisien une lourde responsabilité historique et ternira l’image du prix Nobel qui lui a été décerné en 2015, pour avoir contribué à la préservation de la stabilité politique et de la paix sociale.

Un coup de Kärcher salutaire

On a beau reprocher au président Kaïs Saïed certaines interprétations libérales de la constitution que certaines âmes bien pensantes vont jusqu’a qualifier d’entorses, mais ceux qui crient le plus fort sont ceux qui ont été tolérants envers les excès de la décennie noire ou en ont tout simplement profité sans le moindre scrupule.

Nul ne peut contester que la Tunisie ne peut connaître une relance économique et une véritable paix sociale qu’à la suite d’un coup de Kärcher pour débarrasser le pays d’une classe, bien enracinée dans la plupart des institutions et des rouages de l’Etat, d’hypocrites, de corrompus et de profiteurs qui ont mené le pays au bord de l’abîme.

On peut avoir des réserves à l’égard du style de communication de Kaïs Saïed et du régime que certains lui prêtent l’intention d’imposer, mais il semble difficile de s’apitoyer sur le sort de ceux qui ont transformé la révolution de la liberté et de la dignité en un véritable cauchemar et une mise à sac en règle d’un pays qui était jadis considéré comme une économie émergente. Et l’UGTT fait malheureusement partie de ceux-là, quoique à un moindre degré.

* Ancien ambassadeur.

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