Tunisie : la nouvelle constitution et la «moralité publique»

L’article 55 de la nouvelle constitution, proposée par le président Kaïs Saïed, publiée hier soir, jeudi 30 juin 2022 et qui fera l’objet du référendum du 25 juillet prochain, stipule dans son article 55 ceci : «Il n’y a pas de limitations aux droits et libertés, sauf ceux imposées par loi et l’exigence de respect de la moralité publique».

Voilà, le mot est dit ! Mais qui décide des comportements qui entrent ou n’entrent pas sous cet intitulé on ne peut plus vague, oiseux et confus et qui pourrait ouvrir la porte à toutes les interprétations et tous les abus de pouvoir ?

Dans un post facebook, l’avocat Mounir Ben Salha cite un certain nombre comportements qui pourraient être interprétés par un instituteur, un policier ou un juge, comme étant des atteintes à la «moralité publique»: «une scolarité mixte, un couple dans la rue, une femme dans la rue après minuit, un groupe de jeunes filles et garçons devant un lycée, une soirée privée, piercings, bikini… la liste est longue.» Et il commente, à juste titre : «Bien évidemment, chacun a sa moralité publique, et ce sera au petit bonheur la chance. Tout dépendra de la personne à laquelle vous aurez affaire».

Et si les auteurs de la nouvelle constitution s’étaient limités à l’affirmation selon laquelle les libertés et les droits sont garantis par l’Etat ? Était-ce trop demander au très conservateur Kaïs Saïed, un islamiste qui avance masqué.

I. B.

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