Etats-Unis : les priorités de l’ambassadeur Joey R. Hood en Tunisie

Nous publions ci-dessous la déclaration faite par Joey R. Hood, nommé au poste d’ambassadeur des États-Unis en Tunisie, le 27 juillet 2022, devant la commission sénatoriale des relations extérieures du Sénat américain. Et où le diplomate détaille les axes de son action future dans notre pays, où le «rétablissement rapide d’une gouvernance démocratique» et la «promotion d’une vision de croissance économique inclusive et ouverte» sont les deux principales priorités. En plus, bien entendu de la «normalisation des relations diplomatiques et économiques avec l’État d’Israël». Il y a au moins deux axes qui déplairont au président de la république Kaïs Saïed, qui ne les considère nullement parmi ses priorités.  

«Ma principale priorité en tant qu’ambassadeur serait la sûreté et la sécurité des Américains vivant et visitant la Tunisie. Ma seconde priorité sera d’aider à mettre la Tunisie sur une voie plus stable et plus prospère.

«Partenaire de longue date des États-Unis et allié majeur non membre de l’Otan, la Tunisie subit désormais les retombées mondiales de l’agression brutale de Poutine en Ukraine, et est aux prises avec une insécurité alimentaire croissante et une flambée des prix de l’énergie. La guerre décidée par Poutine a exacerbé la crise économique tunisienne, et une action rapide est nécessaire pour inverser ce processus.

«Le favoriserais une vision de croissance économique inclusive et ouverte. Le gouvernement est en train de négocier un accord avec le FMI, ce qui pourrait être un pas vers des réformes qui profiteraient à tous les Tunisiens.

«La Tunisie pourrait également améliorer ses investissements dans le climat en se concentrant sur les infrastructures et les technologies sécurisées. J’inviterai les entreprises américaines à aider dans cette voie.

«Alors que les Tunisiens sont aux prises avec ces défis économiques, ils ont connu une érosion alarmante des normes démocratiques et des libertés fondamentales au cours de l’année écoulée, qui ont hypothéqué de nombreux acquis durement réalisés depuis qu’ils ont renversé un dictateur en 2011.

«Les actions du président Kaïs Saïed au cours de l’année écoulée pour suspendre la gouvernance démocratique et la consolider le pouvoir exécutif ont soulevé de sérieuses questions.

«Les États-Unis, seuls et en coordination avec nos partenaires du Groupe des Sept, ont plaidé pour un retour rapide à la gouvernance démocratique. Nous avons appelé à un processus de réforme démocratique inclusif, mis l’accent sur la protection continue des libertés fondamentales et insisté sur le respect de l’indépendance judiciaire et de l’État de droit.

«Je poursuivrais cet engagement et encouragerais les dirigeants tunisiens à rétablir rapidement une gouvernance démocratique responsable devant leur peuple.

«Les Tunisiens ont clairement indiqué que leurs revendications d’une plus grande prospérité économique ne doivent pas se faire au détriment de la démocratie ou des droits de l’homme durement acquis.

«Je suis d’accord avec cela et j’adhère au point de vue de l’administration selon lequel la relation bilatérale entre les États-Unis et la Tunisie est plus forte lorsqu’il existe un engagement partagé envers les valeurs démocratiques, les droits de l’homme et les libertés fondamentales.

«Nous continuons à revoir nos programmes d’assistance pour nous assurer qu’ils s’alignent sur nos objectifs politiques et sur la valeur des dépenses du contribuable américain, tout en maintenant notre partenariat à long terme et les progrès réalisés grâce à notre assistance passée à la Tunisie.

«Si je suis confirmé, j’utiliserais tous les outils d’influence américaine pour plaider en faveur d’un retour à la gouvernance démocratique et pour atténuer les souffrances des Tunisiens à cause de la guerre dévastatrice de Poutine, de la mauvaise gestion économique et des bouleversements politiques.

«La reconnaissance par les dirigeants tunisiens du fait qu’une société civile dynamique est un partenaire, et non un adversaire, a été l’une des principales raisons de son succès démocratique. La société civile a fait preuve de dynamisme et de résilience dans la représentation des objectifs et des revendications du peuple tunisien.

«Je continuerai à soutenir la société civile et à dialoguer régulièrement avec le gouvernement pour protéger les libertés fondamentales. Je voudrais également insister pour que les réformes politiques et les élections parlementaires annoncées pour la fin de cette année soient transparentes et inclusives.

«Au milieu de ce bouleversement politique, je comprends que l’armée tunisienne soit restée une force apolitique et professionnelle qui rend compte aux dirigeants civils. Je m’emploierai à faire en sorte que cela reste le cas et de rechercher de nouvelles voies de collaboration sur les priorités de sécurité des États-Unis, en particulier contre les menaces terroristes mondiales, tout en renforçant davantage la protection des droits de l’homme.

«La normalisation des relations avec Israël, notamment par le biais des accords historiques d’Abraham, a conduit à une plus grande paix et sécurité dans la région et approfondi les possibilités d’expansion économique et de la productivité.

«Je soutiendrais de nouveaux efforts pour normaliser les relations diplomatiques et économiques avec l’État d’Israël dans la région.»

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