Tunisie – Politique : Pour parler de souveraineté, il faut être souverain! 

L’auteur répond ci-dessous à ceux qui, commentant sa précédente tribune, ont évoqué une bien hypothétique «souveraineté nationale» pour justifier la crise diplomatique provoquée par la Tunisie avec les Etats-Unis, qui ont toujours été parmi les plus importants soutiens internationaux de notre pays depuis son indépendance en 1956. (Illustration: Kais Saïed reçoit le ministre des Affaires étrangères Othman Jerandi pour protester contre l’ingérence des Etats-Unis dans les affaires tunisiennes).

Par Nebil Maghraoui *

La souveraineté est une notion très complexe et avant de la hurler à tue-tête, il faut d’abord la comprendre. Ce n’est pas en hurlant «souveraineté» que l’on devient souverain.

On est souverain quand on ne dépend de personne et quand on n’est soumis à personne ni au Fonds monétaire international (FMI) ni à la Banque mondiale (BM) ni aux Américains pour nous donner des armes, des drones et des images satellites pour combattre les terroristes au Mont Chaambi.

Les cabris de a souveraineté

On est souverain quand on ne dépend pas du gaz algérien ni des touristes algériens ou français ou ukrainiens.

On est souverain quand notre dinar est fort, notre balance commerciale excédentaire, notre budget équilibré et non pas déficitaire et que nos finances publiques sont rétablies et équilibrées.

On est souverain quand on n’est pas un État en quasi-faillite.

Par conséquent, la souveraineté a plusieurs facettes (économique, monétaire, militaires, etc.) pour se construire et prendre forme.

Le général de Gaulles avait dit à propos de la construction européenne: «Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant ‘‘l’Europe !’’, ‘‘l’Europe !’’, ‘‘l’Europe !’’, mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien.»

On peut paraphraser le général et dire: «Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant ‘‘la souveraineté!’’, ‘‘la souveraineté!’’, ‘‘la souveraineté!’’, mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien.»

Ce n’est donc pas en hurlant «souveraineté» que l’on devient souverain. 

L’inquiétude légitime de nos partenaires

Cependant, quand on signe des accords avec les Américains et les Européens pour adhérer aux valeurs universelles des droits humains, on s’engage à les respecter et quand auparavant on a pris des milliards de dons pour la mise à niveau de notre industrie et que l’on a chassé notre président, que l’on a cassé notre pays et que l’on a voté pour l’islam politique pour disloquer le régime et l’État, que l’on a démantelé notre administration pour installer une dictature religieuse puis maintenant une jamahiriya populiste, et bien nos partenaires s’inquiètent et à juste titre par amitié car ne voulant surtout pas perdre le pari de voir la Tunisie démocratique qu’ils ont tant soutenue et appuyée. Ce n’est ni de l’ingérence ni une entorse à notre souveraineté.

La Tunisie s’est engagée à être un pays respectueux des valeurs universelles et démocratique or la démocratie a ses règles et ses exigences. Il faut donc les respecter et ne pas aller pleurnicher sur sa «souveraineté», alors s’il vous plaît arrêtez et cessez cette propagande qui ne mène nulle part sinon à l’appauvrissement du pays. La Constitution de 2022 porte les germes de l’obscurantisme avec son article 5 et le monopole les pouvoirs entre les mains d’un seul homme.

* Homme d’affaires.

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