Abdullah Ibn Al-Mu’tazz est un poète arabe de premier plan, auteur du « Kitab al-Badi », une des premières études des formes de la poésie arabe du point de vue de la théorie de la littérature et de la critique littéraire.
Né dans la famille califale (il est l’arrière-arrière-petit-fils d’Hâroun Ar-Rachîd, fils d’Al-Mutazz et d’une femme d’origine byzantine), Ibn Al-Mu’tazz est né le 1er novembre 861 à Samarra et décédé le 17 décembre 908 à Bagdad.
II connaît une enfance marquée par les conspirations byzantines du califat abbasside : son grand-père, le calife Jafar Al-Mutawakkil, est assassiné quand il n’a que six semaines, et huit ans plus tard, son père est également assassiné. Le garçon échappe à cette purge en se réfugiant à La Mecque avec sa grand-mère.
À son retour à Bagdad, il s’éloigne de la politique et connaît la vie hédoniste d’un jeune prince. C’est durant cette époque qu’il écrit sa poésie consacrée aux plaisirs dont il est familier. Son Kitab Al-Badi, qui est également composé à cette époque, jette les bases pour de futures études de la poésie par des universitaires arabes.
Bien que réticent, on le persuade d’endosser le rôle du calife de la dynastie abbasside après la mort prématurée de son cousin Al-Muktafi en 908. On espère qu’il mette un terme aux intrigues qui avaient empoisonné la dynastie, en vain : il ne réussit à gouverner qu’une seule journée et une seule nuit (il est ainsi connu sous le nom de «calife d’un jour»), avant qu’il ne soit contraint de se cacher pour éviter une conspiration menée par le vizir Ibn Al-Hasan Al-Abbas. Il est néanmoins retrouvé et étranglé.
Le diable a dompté mon âme charnelle
jusqu’à la mettre hors d’elle, alors que naguère encore
toutes choses lui étaient soumises.
Combien de foi n’ai-je rêvé de la sainteté !
Mais le vin vieux distribué à la ronde
par un joli paon en a décidé autrement.
De la boisson du Sacrifice le diacre chrétien
recommande l’usage : zélé serviteur
du tabernacle et garde des saints prêtres…
Sang de Jésus pour le chrétien,
le Mage y voit un feu
libéré de sa chaleur.
Pour moi, à leur encontre, ce n’est rien de moins
qu’un astre : celui d’aimable fortune
qu’ont quitté peines et malheurs.
Quelle perfection cache les jarres à vin !
Quelle perfection dans la courbure des coupes,
portée à l’absolu par l’offre des jarres !
Ô mes deux commensaux, versez-moi donc à boire,
car l’aube a paru et la cloche de l’église
déjà invite à la prière !
Faites couler la liqueur fauve
qui se boit tel un trait de flèche :
joyau d’or tout mouillé de perles !
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