Le poème du dimanche : ‘‘Le poète au paradis’’ de Fadhil Al-Azzawi

Fadhil Al-Azzawi est poète, universitaire, journaliste et traducteur irakien, qui vit en Allemagne où il a trouvé refuge depuis une trentaine d’années. (Fadhil Al-Azzawi et le poète et traducteur Tahar Bekri).

Né en 1940 à Kirkouk (Irak), Al-Azzawi a poursuivi ses études à Bagdad, puis à Leipzig. Il quitta l’Irak en 1977, après plusieurs séjours en prison. Il vit aujourd’hui à Berlin où il se consacre à l’écriture.

Ayant publié plus de trente ouvrages de poésie, roman et essais, l’œuvre d’Al-Azzawi est traduite dans des différentes langues.

Tahar Bekri

Ce qui m’ennuie le plus, alors que j’ai consacré ma vie

à courir après les illusions, mirage après mirage

et atteint un âge avancé

Est d’entendre celui qui vient, frapper à ma porte,

Afin de m’accompagner,

Malgré moi.

Vers le paradis

En  récompense de mon bon comportement dans ce monde

Et pour voir sous les arbres des anges en rang à droite et à gauche

Criant mon nom :

Alléluia:

Alléluia !

Alléluia !

*

La tête haute je marche comme un paon déplumé

Lentement

Sur un tapis rouge qui s’étend au loin

Où des tambours et des cymbales

Sont frappés pour ma personne

Et comme un coureur victorieux aux Jeux Olympiques

Des prêtres simplets me soulèvent

Sur leurs épaules

Vont au Tigre de vin et l’Euphrate de miel des montagnes

Où l’on voit des jeunes avec des plateaux en or

Remplis de fruits de toutes sortes

Et des courtisanes et des houris dans un film sacré

Exposant leurs beautés, sans pudeur :

Alléluia !

Alléluia !

Alléluia !

*

Mais je crie en m’opposant

– Ceci est ce que connait l’éloigné et le proche à mon sujet,

Comme tous les sages raisonnables,

Je préfère boire un Scotch, au vin

Et m’enivre comme d’habitude avec l’odeur

Du miel visqueux

Plus que cela je mue vraiment

De passer mon temps dans l’éternité ivre

Déambulant dans un paradis

Même si ses portes sont en or et topaze

Ses hôtes des prêtres qui ont marché sur l’eau

Allant et venant

Et ont chassé avec leurs barbes

Iblis le Satan

*

Enfin  j’entends quelqu’un frapper à ma porte,

Je crie alors que le cours a atteint le sommet :

– Que fais-je au paradis ?

Prends-moi mon ami maintenant vers l’enfer et les flammes

Pour vivre fidèle à ma vie

Là-bas, là-bas seulement,

Je pourrai écrire ce que je n’ai pu écrire de mes poèmes

Et présenter, contestataire, mes plaintes au Maître des Cieux

Contre toutes les misères du monde !

Alléluia !

Alléluia !

Alléluia !

Traduit de l’arabe par Tahar Bekri

(Remerciements à l’auteur)

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