Dans tous les conclaves économiques organisés en Tunisie, un mot d’ordre revient à chaque fois : œuvrer pour la reprise de l’investissement, afin de produire des richesses, de créer des emplois et de relancer la croissance. Malheureusement, l’investissement, en berne depuis 2011, ne repart pas à la hausse, le déficit budgétaire, l’inflation, le chômage et les prix augmentent, alors que la croissance pique du nez. Pourquoi ?
Par Imed Bahri
Le diplomate Elyes Kasri a son idée sur la question et il l’a exprimée dans un post Facebook publié dimanche 28 août 2022, alors que les Tunisiens y allaient chacun de ses pronostics sur les retombées positives sur la Tunisie de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 8), qui s’est tenu à Tunis les 27 et 28 août.
Frustrés et impuissants
«Quand on cultive un nationalisme étriqué qui frise la xénophobie et qu’on accable les opérateurs privés de tous les maux et vices, en plus d’une opacité réglementaire et administrative, il ne faudrait pas s’étonner que les investisseurs étrangers fassent preuve de frilosité et même de réticence envers toute perspective d’investissement en Tunisie, tout du moins à court terme», avertit-il, dans une limpide allusion à l’inadéquation criarde constatée dans notre pays entre le discours politique officiel, très clivant et opposant les Tunisiens les uns aux autres et faisant le lit des surenchères de toutes sortes, créant une atmosphère de guerre civile dans les têtes, et les vœux pieux des économistes et des entrepreneurs, qui n’ont pas voix au chapitre : ils recommandent, espèrent et attendent, frustrés et impuissants…
«C’est ce qui ressort des commentaires faits en marge de la Ticad 8 sur la nécessité d’une feuille de route pour l’amélioration de l’environnement des affaires en Tunisie», ajoute l’ancien ambassadeur de Tunisie au Japon et en Allemagne. Tout en appelant ses compatriotes à «faire une distinction entre les projets clé en main, notamment dans le domaine de l’infrastructure, financés par des prêts remboursables, abstraction faite de la rentabilité du projet en question, et l’investissement qui comporte une prise de risque avec la possibilité du profit comme de la perte.» Car, comme l’a dit un ancien chef de gouvernement, l’islamiste Hamadi Jebali, qui avait tout compris : «Le capital est lâche». Et pour cause : on ne connaît pas beaucoup de gens qui accepteraient de jeter leur argent par la fenêtre dans un pays instable et où règne un fort sentiment d’incertitude sur l’avenir.
Peur et suspicion généralisées
Conclusion : pour que l’investissement reprenne, il n’y a donc pas trente six mille solutions : il faut rétablir la stabilité (politique, sociale, réglementaire, etc.) et, avec elle, la confiance.
On peut organiser des conclaves internationaux tous les jours que Dieu fait, cela ne se traduira pas forcément par la reprise de l’investissement, tant que la situation générale suscite des interrogations et que l’atmosphère est à la peur et à la suspicion généralisée, alimentées par un président de la république haineux et menaçant.
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