L’auteur appelle à mettre fin au déficit commercial chronique enregistré par la Tunisie avec certains pays, et à leur tête la Chine et la Turquie. «De fait, les Tunisiens sont en train d’enrichir continuellement ces pays en s’appauvrissant», avertit-il… (Illustration : port de Radès, le poumon troué de la Tunisie).
Par Hassen Zargouni *
En 10 ans, la Tunisie aurait accusé avec la Chine un déficit commercial de plus de 60 Mds de dinars et avec la Turquie plus de 30 Mds de dinars… alors qu’elle a réalisé, au cours de la même période, un excédent commercial avec la France de plus de 20 Mds de dinars et avec l’Allemagne plus de 10 Mds de dinars… alors que l’excédent avec la Libye réduit quelque peu le déficit avec l’Algérie.
Comment arrêter cette hémorragie ?
Pour la Chine, il faut lui imposer d’investir en Tunisie pour fabriquer leurs machines outils et qu’elle crée un noyau d’industrie automobile à l’instar de ce qu’a fait l’Europe et le Japon ici en Tunisie (Leoni, Yazaki… et les Tunisiens Coficab ou One Tech…) car ce sont ces deux secteurs qui sont responsables de l’hémorragie de devises avec ce grand pays, bien plus que les produits manufacturés chinois de la grande consommation.
Avec la Turquie, il faut dénoncer tout simplement l’accord de libre échange hâtivement signé en 2005 sans étude d’impact approfondie et de l’amender en vue d’un certain équilibre dans les échanges. [Il faut aussi de] faire un audit sur certains contrats juteux octroyés à la partie turque dans des conditions troubles.
Avec l’Algérie, c’est assez simple, la dépendance énergétique de ce voisin est nocive quant à notre indépendance stratégique. Il faut développer l’implantation de centrales électriques solaires un peu partout dans le pays car l’ombre de l’Algérie affecte trop notre diplomatie et notre autonomie de décision.
En revanche, côté excédent, il faut développer des partenariats nouveaux avec d’autres pays de l’Union européenne (UE) tels que la Pologne, la Suède ou encore la Hongrie voire la Roumanie, afin de réaliser ce qu’on a déjà réussi, ces dernières années, avec la France et l’Allemagne (aéronautique, plastique technique…) à savoir attirer des IDE à forte valeur ajoutée favorables à l’embauche de nos ingénieurs et techniciens.
Pour le cas de la Libye, une approche diplomatique plus agressive favoriserait l’exportation de nos produits manufacturés à ce pays où l’Italie, l’Egypte, la Turquie, le Brésil et bien d’autres pays ont déjà mis pied.
Sinon, on attend toujours que la cote de confiance élevée du président de la république soit utilisée afin d’imposer la libération du port de Radès en fluidifiant son trafic et en développant les quai 8 et 9. On attend aussi du président qu’il promulgue un code des changes digne du 21e siècle, aide à développer le e-commerce et à propulser la Tunisie et sa jeunesse enfin dans modernité technologique.
* Directeur général de Sigma Conseil.
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