Pourquoi le tourisme croate est-il plus performant que le tourisme tunisien ?

En dépit du marasme économique mondial et du conflit russo-ukrainien, la Croatie a réalisé un excellent résultat en nombre de touristes (17 millions) et en recettes (plus de 12 millions d’euros), grâce à une très bonne gouvernance (ni bradage de prix ni diktat des tours opérateurs, comme pour la Tunisie, et une très forte croissance de tourisme individuel et de groupe), ce qui veut dire que le tourisme croate, contrairement au tourisme tunisien, tourne toute l’année, avec un taux moyen d’occupation de 59,5%. (Illustration : le tourisme individuel et de groupe représente 70% de l’activité en Croatie, contre seulement 30% pour le tourisme de masse drainé par les TO).

Par Habib Glenza *

En dépit du ralentissement de l’économie mondiale du à la pandémie de coronavirus et de l’impact négatif du conflit russo-ukrainien, le tourisme croate réalise un excellent résultat cette année

En effet, 2022 est une très bonne année pour le secteur touristique en Croatie. Jusqu’au 20 septembre courant, le pays a accueilli 16 725 963 touristes, soit une augmentation de 36,77% par rapport à 2021. Les recettes encaissées s’élèvent à 12,143 milliards d’euros (soit près de 38 milliards de dinars tunisiens)

Avec un peu plus de 4,2 millions d’habitants, la Croatie occupe une place significative dans le paysage touristique européen : 8e en termes d’arrivées et 7e en termes de nuitées touristiques. Le taux d’occupation atteint 59,5%, le 4e en Europe derrière Chypre, Malte et l’Espagne

Nette évolution du tourisme individuel et de groupe

Selon Agnieszka Puszczewicz, directrice de la représentation de l’Office croate du tourisme en Pologne, les touristes polonais ayant visité la Croatie ont dépassé le seuil d’un million de touristes (1 000 331), pour la deuxième année consécutive et ont passé  6 392 138 nuitées jusqu’au 20 septembre 2022. Ce résultat est de loin meilleur que celui de 2021, d’autant plus que l’année 2022 n’est pas encore terminée.

Parmi les destinations préférées, la région de Split-Dalmatie est toujours en tête, suivie des régions suivantes : Istrie, Zadar, Primorsko-Goranska et Sibenik-Kninski. Le Top 5 des lieux visités par les Polonais sont constamment : Makaraska, Omiš, Zadar, Baška Voda et Orebić.

Mme Puszczewicz a également déclaré: «Comme les années précédentes, on note une nette évolution du tourisme individuel et de groupe (environ 70%) par rapport au tourisme de masse, réalisé par le biais d’agences de voyages (environ 30%). Il convient également de souligner les très bons résultats obtenus cette année par les agences de voyages polonaises».  

La Croatie, pays riche en attractions naturelles, a choisi le développement du tourisme durable comme l’un de ses objectifs stratégiques.

Pourquoi le tourisme tunisien n’est-il pas aussi dynamique et aussi rentable?

Tourisme tunisien : une gouvernance déficiente

En Tunisie nous avons tout ce qu’il faut en matière de tourisme: une très bonne infrastructure : des hôtels-jardins, des routes et des autoroutes, des ports et des aéroports, des services touristiques variés (tourisme de santé, archéologique, saharien, sportif…), 1400 km de côtes, etc.; bref nous avons tout pour rentabiliser notre tourisme dans l’intérêt de notre économie. Malheureusement ce qui nous manque ce sont les choix adéquats et la bonne gouvernance.

Comment expliquer que les résultats de la saison touristique de 2010 sont meilleurs que ceux de 2019 (si l’on tient compte de la forte baisse de la valeur du dinar face au dollar ou à l’euro)? Comment se fait-il que des hôtels restent vides ou soient carrément fermés pendant la basse et le début de la moyenne saison? Pourquoi nos responsables tardent-ils à mettre à exécution l’accord sur l’Open Sky qui a déjà été ratifié? Pourquoi nos hôteliers se soumettent-ils aux diktats des TO étrangers et bradent-il les prix? Et pourquoi ne mise-t-on pas sur la qualité des nos services par le biais d’une formation professionnelle pertinente?

Le tourisme tunisien est victime d’une gouvernance déficiente et obsolète, et c’est bien dommage car nous n’avons rien à envier aux autres en termes de capacités attractives. Il faut juste être plus proactif, inventif et innovant. Et éviter de dormir sur ses lauriers, là où les concurrents, souvent venus au tourisme plus tardivement que nous, comme c’est le cas de la Croatie, développent et diversifient leurs activités à un rythme plus rapide.

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