Les répliques de la nouvelle crise énergétique, qui menace de faire vaciller l’Occident sur ses bases, va durement affecter aussi les pays, comme la Tunisie, dont les économies sont très dépendantes des Etats-Unis et de l’Union européenne (UE) et provoquer, par ricochet, au cours des prochaines années, de nouvelles recompositions dans la carte des alliances mondiales.
Par Habib Glenza
En 1999, Vladimir Jirinovski, président du Parti démocratique russe, prononçait un célèbre discours devant les députés de la Douma où il disait : «Si les Russes et les Arabes cessent de livrer le pétrole et le gaz, l’Occident et les Etats-Unis finiraient d’exister». Une menace doublée d’une prémonition qui prouve, s’il en est besoin, la précarité des équilibres mondiaux actuels.
Un improbable tandem Ben Salman-Poutine
Il fallu attendre ce mercredi 5 octobre 2022 pour que Mohammed Ben Salman et Vladimir Poutine se mettent d’accord pour nouer une entente destinée (mais pas seulement) à affaiblir les économies occidentales, et en particulier celle des Etats-Unis.
En effet, la dernière décision de l’Opep+, l’organisation conduite par ces deux puissances pétrolières et gazières, de réduire la production des pays membres de 2 millions de barils par jour, sous la pression de cet improbable tandem (Ben Salmane et Poutine), a résonné comme un coup de tonnerre dans le ciel de l’économie mondiale, déjà fortement affectée par la pandémie de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne.
Les deux hommes, que rien apparemment ne semble rapprocher, veulent-ils en finir avec le monde unipolaire, dominé par les Américains, né de la chute du Mur de Berlin en 1989 et de l’Union Soviétique en 1991, pour instaurer un monde multipolaire, censé être plus juste et plus équilibré ? On est tenté de le penser eu égard leur rapprochement actuel, avec en point de mire, un Occident infatué de sa puissance mais qui commence à vaciller sur ses bases.
L’Arabie saoudite et la Russie ont l’intention de réduire drastiquement la production de pétrole mondiale. Selon CNN, la Maison Blanche a qualifié la décison de l’Opep+ de «catastrophe totale». Le Financial Times (FT), citant des sources officielles, a rapporté que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit une forte réduction de la production de pétrole. L’ampleur de la réduction n’est pas encore connue, mais l’Arabie saoudite et la Russie visent à réduire la production à 2 millions de barils par jour. Selon la publication, la production pourrait décliner par étapes d’ici quelques mois.
Le vice-Premier ministre russe Aleksander Nowak, qui devrait soutenir une réduction significative de la production de gaz, participera probablement aux pourparlers. Le FT souligne que ladite réunion est qualifiée par les analystes de la plus importante de ces dernières années.
D’importants bouleversements en vue
Selon des sources citées par CNN, l’administration de Joe Biden a tenté ces derniers jours de convaincre les alliés de l’Amérique au Moyen-Orient, dont le Koweït, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, de voter contre les coupes dans la production pétrolière lors de la réunion annoncée de l’Opep+. Si on en croit les informations sur une réduction drastique de la production mondiale, alors que Washington et leurs alliés espéraient une augmentation de la production qui permettrait de mieux contrôler à la baisse les cours mondiaux de l’or noir, on peut sérieusement craindre des retombées catastrophiques sur les économies des pays très dépendants de l’Occident. La Tunisie, dont 70 à 75% des échanges extérieurs se font avec l’Union européenne, sera parmi les pays les plus affectés par la crise énergétique mondiale, d’autant qu’elle souffre d’un important déficit énergétique, pour n’avoir pas su diversifier à temps ses partenariats étrangers. De là penser que le bouleversements en cours vont induire bientôt d’importants changement dans la configuration de l’économie et de la stratégie mondiales…
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