Les freins au développement du secteur privé en Tunisie

Les chefs d’entreprises ne cessent de pointer les freins au développement du secteur privé en Tunisie, comme la vétusté du port de Radès et le code des changes complètement obsolète, entre autres goulots d’étranglement, mais les responsables du gouvernement continuent de palabrer sans prendre les décisions qu’on attend d’eux.

Les participants à un séminaire sur «L’internationalisation des petites et moyennes entreprises tunisienne» ont appelé à libérer les PME tunisiennes désireuses de s’ouvrir sur le marché international des réglementations excessives. Cet accès est entravé, selon eux, par deux obstacles majeurs qui sont la réglementation des changes et la logistique.

Le goulot d’étranglement du port de Radès

port Lors de ce séminaire organisé par la Confédération des entreprises citoyennes tunisiennes (Conect), mardi 1er octobre 2022, à Tunis, les participants ont pointé du doigt le port de Radès par lequel transite la plupart des marchandises destinées à l’exportation, insistant sur l’impératif d’améliorer ses performances.

Le président de la Conect, Tarak Cherif a déploré, à cet égard, le coût élevé du transit des marchandises et la lenteur dans le traitement des conteneurs.

Représentant résident de la Société financière internationale (SFI), Georges Ghorra a estimé que la mauvaise performance du port de Radès entraîne une détérioration de la compétitivité des produits tunisiens à l’exportation, appelant à améliorer le code des changes afin que les PME puissent facilement exporter leurs produits. «Le secteur privé est extrêmement compétitif en Tunisie. Il est capable de capter au moins les marchés africains et européens. Nous devons juste le laisser fonctionner et ne pas mettre d’obstacles sur son chemin», a-t-il déclaré.

Le représentant-résident de la Banque Mondiale en Tunisie, Alexandre Arrobbio, a affirmé, de son côté, que la Tunisie est capable de devenir un pont entre l’Europe et l’Afrique, dans la mesure où elle dispose d’un capital humain qualifié et de PME innovantes capables de se développer dans différents secteurs. Il est donc «impératif de faciliter l’accès au financement, d’améliorer la logistique et d’assouplir la réglementation, même si les réformes associées demandent du temps», a-t-il expliqué.

Arrobio a également appelé la Tunisie à tirer parti de la crise énergétique actuelle en Europe due à la guerre en Ukraine, en attirant et en développant les investissements dans le secteur des énergies renouvelables, rappelant que les pays européens veulent désormais importer une énergie décarbonée à un coût abordable.

Retard dans la promulgation du nouveau code des changes

Pour sa part, le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saied, a souligné la nécessité de renforcer la diplomatie économique notamment avec les pays africains, pour renforcer la présence des PME sur le continent. «Le département de l’Economie travaille dans le cadre d’un dialogue public-privé pour améliorer le climat des investissements et lever les obstacles à l’ouverture des PME sur le marché international», a-t-il déclaré.

S’agissant de la régulation des changes, le ministre a souligné qu’il est important aujourd’hui d’avoir plus confiance dans les entrepreneurs qui gagnent des devises étrangères. «Nous sommes conscients de la situation difficile du dinar mais un contrôle a posteriori peut être fait pour les entreprises exportatrices», a-t-il expliqué. Mais c’est sa collègue des Finances qu’il doit d’abord convaincre afin que les freins constitués par certains articles du code des changes soient levés. On n’attend pas d’un membre de gouvernement d’exprimer une opinion, mais de prendre des décisions qui aident à régler les problèmes et à lever les obstacles. 

Le directeur général des opérations de change à la Banque centrale de Tunisie (BCT), Raoudha Boukadida a indiqué, à cet égard, que le projet de code des changes comporte un volet consacré à l’internationalisation des entreprises en Tunisie, qui prévoit des mesures pour les aider à se développer sur le marché international. Mais le problème c’est que ce nouveau code des changes dont on parle depuis plusieurs années tarde encore à être promulgué et on ne comprend pas les raisons de ce retard.  

I. B. (avec Tap).

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