La culture médicale est essentielle pour tout citoyen, mais la vulgarisation est une science qui n’est pas à la portée de tous. Aussi, quand ce sont des médecins qui s’y attèlent, elle est toujours utile et instructive. Cette tâche va être assumée dans notre journal par Dr Mounir Hanablia dans cette rubrique régulière qu’il lance aujourd’hui et où il abordera des sujets complexes sans passer par les normes standardisées des revues spécialisées et des congrès médicaux tamtam.
Par Dr Mounir Hanablia
Le cœur est un muscle qui se comporte comme une pompe. Il se remplit de sang puis l’éjecte afin d’irriguer tous les tissus de l’organisme, dans une succession ininterrompue de cycles, jusqu’à la fin de la vie.
La régulation de l’activité de ce muscle vital est sous la dépendance de nerfs, d’hormones, et de capteurs chimiques qui assurent son adaptation à la demande métabolique du corps humain.
Mais la caractéristique du muscle cardiaque, c’est son automatisme. Chaque cellule musculaire cardiaque est douée de la capacité de se contracter seule en modifiant sa perméabilité aux ions qu’elle absorbe et éjecte, en particulier le calcium.
Comme une pile électrique
La concentration élevée en ions sodium Na + à l’extérieur de la cellule, et en ions potassium K+ à l’intérieur, que la cellule maintient grâce à une dépense d’énergie, lui confère les propriétés d’une pile électrique.
Lors d’un cycle cardiaque, le courant se propage du «chef d’orchestre», qu’on appelle nœud sinusal, qui est une zone réduite du cœur située dans l’oreillette droite, vers les ventricules à travers des voies de conduction. Et le muscle finit alors par se contracter.
L’apparition du courant dans le nœud sinusal est bien due à une variation de la perméabilité cellulaire aux ions et du potentiel électrique.
Normalement, c’est la modification de l’orientation des protéines de la membrane cellulaire grâce à une force électromotrice, donc un champ magnétique, qui permet la circulation ionique de part et d’autre de la membrane cellulaire dans des canaux et initie le courant électrique nécessaire à la contraction du cœur. Puis quand le champ magnétique disparaît, les protéines retrouvent leur position de fermeture, les canaux se ferment et le mouvement ionique s’interrompt. Donc un champ alternatif expliquerait parfaitement le phénomène.
Le mystère du «chef d’orchestre»
Le problème c’est que ce champ magnétique initial sans lequel rien ne pourrait se faire, n’est pas décelable. Y a-t-il une origine autre qu’électromagnétique qui expliquerait la force à l’origine de la déformation rythmique des protéines de membrane ? Rien ne permet de l’affirmer.
Ainsi, en cardiologie, l’origine de l’automatisme, cette capacité à modifier spontanément la perméabilité ionique de la membrane cellulaire d’une manière rythmée et répétitive, est encore un mystère, et on n’en mesure que les conséquences, l’activité électrique du cœur et la contraction du muscle cardiaque. On sait comment l’orchestre joue, mais on ignore comment le «chef d’orchestre» le devient. Médecin de libre pratique.
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