«Le taux d’abstention aux législatives anticipées du 17 décembre 2022 qui a dépassé 92% signifie le retrait de confiance au président de la république Kaïs Saïed», estime le professeur de droit constitutionnel Amin Mahfoudh.
Dans une intervention téléphonique à Mosaïque FM, dimanche 18 décembre, Amin Mahfoudh a déclaré : «Tout homme politique est responsable des choix qu’il fait. la nouvelle constitution (promulguée par Saïed, Ndlr) stipule que le citoyen a le doit de demander des comptes à celui qu’il a élu. Or, le président Saïed est le principal responsable de la constitution, de la loi électorale et de l’environnement électoral d’une façon général. Et c’est dans ces conditions choisies par lui que le peuple lui a répondu; en lui disant « Nous sommes 92% à ne pas être satisfaits du processus politique que vous avez initié ». Et cela signifie un rejet pacifique».
Amin Mahfoudh, on le sait, estime qu’en promulguant une nouvelle constitution en 2022, le président a vidé son mandat présidentiel de toute légalité, puisqu’il avait été élu en 2019 et qu’il prêta serment conformément à la constitution de 2014, dissoute entretemps par ses soins, et qu’il est, par conséquent, dans l’obligation d’organiser une nouvelle élection présidentielle pour donner une assise légale à son mandat.
«Avec le rejet exprimé aujourd’hui par la population, le régime de Kaïs Saïed a perdu, en plus de la légalité constitutionnelle, toute légitimité politique. Et même si la loi électorale n’a pas fixé un seuil au-dessous duquel les résultats d’un scrutin sont considérés nuls et non avenus, le taux d’abstention de 92% aux législatives équivaut à une fin de non recevoir», a expliqué Amin Mahfoud. Et de conclure: «Ce n’est même plus une question de légalité. C’est une question de légitimité. Son mandat n’a plus aucune légitimité et il doit organiser des présidentielles anticipées», a-t-il conclu, en citant l’exemple de l’ancien président français Charles de Gaulle, que Kaïs Saïed cite souvent comme modèle, et qui a préféré quitter le pouvoir parce qu’il n’a pas pu obtenir la majorité absolu de 51%. Que dire d’un taux ne dépassant pas 9%? Même si, dans le premier cas, il s’agit d’un référendum, et dans le second d’élection législative.
I. B.
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