Tunisie : la banqueroute est de plus en plus probable

Pour la Tunisie, si rien n’est fait dans l’urgence pour éviter la descente en enfer, la cessation de paiement est une question de mois voire de semaines! Et dans l’absolu, on l’a dit et écrit noir sur blanc, depuis 2016 : une démocratie à crédit est une démocratie au rabais, une démocratie de quêteurs et de raquetteurs, pour le dire en termes populaires, et pas populistes! (Illustration : Ils courent vite et sautent tous dans le vide en se disant que le vide en face n’est qu’une illusion d’optique!)

Par Moktar Lamari *

L’arithmétique est rationnelle. Ce que la Tunisie doit au FMI, dette accumulée par le passé, est donné dans le tableau suivant (principal et service). Un total de presque 1,5 milliard de SDR, pour les 4 prochaines années, soit l’équivalent de presque 6 milliards de dinars, juste pour le FMI.

Exemple, pour la seule année 2023, la Tunisie doit au FMI 404 millions de SDR (monnaie du FMI), soit 1 200 millions de dinars. Sans compter le reste des créanciers. Où trouver l’argent?

Dette de la Tunisie au FMI.

Money talks

La démocratie de Kaïs Saïed ne change rien à la donne, le président Saïed est comme Rached Ghannouchi, on ferme les yeux, l’essentiel est ailleurs! Pas grave si on appauvrit les Tunisiens.

Au total l’équivalent 4 milliards de $ sont à rembourser en 2023, presque 13 milliards de dinars, pour ne pas faire cessation de paiement. C’est quasi-impossible dans le contexte, sans vendre (brader, dos au mur) des sociétés d’Etat, sans un accord avec le FMI et sans restructuration de la dette (devenue insoutenable). La fuite en avant n’est plus de mise («wakfet ezzenqa li-lharb», et le fuyard de l’adage est l’Etat tunisien en soi-même!).

L’année 2024 sera encore plus chargée en remboursements de dettes. Voilà de quoi on doit parler et interroger le président Saïed et sa première ministre… pour leur demander : c’est quoi votre plan!

Voilà de quoi les médias et économistes du sérail ont dû traiter et discuter pendant la campagne électorale des législatives. Les journaleux de ces radios et TV, contrôlées par les hommes d’affaires véreux de l’époque de Ben Ali, jouent le jeu et font semblant!

Piteux état des lieux!

Suicide collectif?

Les troupeaux de moutons se suicident ensemble, de manière inconsciente et joyeuse. Ils courent vite et sautent tous dans le vide en se disant que le vide en face n’est qu’une illusion d’optique! C’est rien, jusqu’à leur crash dramatique, tous ont le même sort, qu’on peut deviner. Les vautours et les rapaces vont se servir à gré, le festin tombé du ciel! Les chèvres pâturant dans les environs sont mortes de rire…

En plus sérieux! C’est dire combien la Tunisie est inconsciente des dangers qui la guettent au regard de la dette et le risque de cessation de paiement. C’est dire que la majorité de ces pseudos experts économistes et ces journaleux ne sont au final que des larbins comme plein d’autres opportunistes et invertébrés… dans la sphère des décideurs.

Un peuple entier qui avance aveuglément, joyeusement jusqu’à une faillite prochaine, à la façon du Liban… on appelle cela un suicide collectif… prémédité!

On brade tout, on perd tout (cotisations de retraite, sécurité sociale, licenciement massif, le dinar divisé par 5 ou 6…) et même notre compte bancaire est retenu par la banque. Et là, on aura au moins des larmes pour pleurer et dire «hamdoullah, c’est le maktoub»!

Les larbins ne font pas un pays fort!

Les élites du pays ne font rien pour allumer les lumières rouges! Pour sensibiliser, pour alerter et tirer fort sur le levier de la sonnette d’alarme à temps, pour éviter le crash! Ils ne disent rien – ou pas avec suffisamment d’insistance ni avec les mots et les chiffres qu’il faut – au gouvernement et au président Kaïs Saïed et aux citoyens. De peur de fâcher!

Les Occidentaux ont toujours reproché aux peuples issus des civilisations arabophones leur émotivité, leur magouille et leur irréalisme. Ils n’ont pas toujours tord!

Tel père tel fils dit l’adage populaire, ici on peut paraphraser pour dire tel président, tel peuple! En plus narcissique. En Tunisien de Lamine Ennahdi, on dira «chlaka wa lguet okhtha!»

Pardon pour l’excès! Mais c’est gravissime et inquiétant…

* Economiste universitaire-Canada.

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