Un ancien film tiré d’une plus ancienne pièce de théâtre fait une satire de la crédulité humaine et de l’exploitation qui en est faite au nom de la science, mais aussi du discours médical qui prédispose à l’hypocondrie, au point de faire triompher le charlatanisme de la science.
Par Mohamed Sadok Lejri *
Je viens de regarder le film ‘‘Knock’’ sur la chaîne parlementaire française. C’est une adaptation de la célèbre pièce satirique du même nom de l’académicien Jules Romains. C’est l’histoire de Knock, un nouveau médecin installé à Saint-Maurice, un petit village français.
Il succède au docteur Parpalaid, un brave et honnête médecin qui exerce son métier de façon sacerdotale, mais dont la «clientèle» est rare.
Après avoir donné des consultations gratuites les lundis matins, Dr Knock réussit à fidéliser une large clientèle en faisant, à chaque fois, un diagnostic qui ferait pâlir le plus grand des optimistes et condamne ses «clients» à des traitements de longue durée pour qu’ils soient contraints de revenir et de payer des consultations. Il parvient même à convaincre son prédécesseur, le docteur Parpalaid, qu’une inquiétante maladie est en train de le ronger.
Une satire de la crédulité humaine
Cette magnifique adaptation de cette pièce au ton moliéresque est une satire de la crédulité humaine et de l’exploitation qui en est faite au nom de la science, mais aussi du discours médical qui prédispose à l’hypocondrie. Knock parvient même à faire triompher le charlatanisme de la science (certains pays en sont toujours là!).
Ce film doit toute sa force à l’interprétation magistrale du grand Louis Jouvet, une école de théâtre et de cinéma à lui seul, mais aussi et avant tout au magnifique texte de Jules Romains qui est admirable, drôle et magnifiquement écrit, à la fois sarcastique, mordant, et dans une langue qui, hélas !, semble irrémédiablement appartenir au passé.
J’ai une affection particulière pour ‘‘Knock’’, c’est une pièce que j’ai lue quand j’étais au collège. Mais, à cet âge, on ne saisit pas tout le génie des œuvres littéraires. D’ailleurs, mes amis de Facebook qui enseignent le français aux jeunes générations peuvent conseiller et la pièce et le film à leurs élèves.
Chatouillements et gratouillements
Certaines scènes, telles que celle où le docteur Knock explique sur un ton grave et docte qu’il ne faut surtout pas confondre «chatouillements» et «gratouillements», sont un pur régal. Et certaines citations sont passées dans la postérité :
– Vous pensez bien que des gens qui payent huit francs pour une consultation n’aiment pas qu’on leur indique un remède de quatre sous.
– Leur tort, c’est de dormir, dans une sécurité trompeuse dont les réveille trop tard le coup de foudre de la maladie.
– Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d’individus, neutres, indéterminés. Mon rôle c’est de les déterminer, de les amener à l’existence médicale.
Et la fameuse :
– Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore.
Le film dont voici le lien est disponible sur Youtube.
* Universitaire.
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