Tunisie : secteur privé, phosphate, et agriculture, moteurs du Plan de développement 2023-25

Le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Saïed a fortement mis l’accent sur l’investissement du secteur privé, le redynamisation de la production du phosphate, et le développement d’une agriculture plus «verte», au cœur du plan de développement pour 2023-2025, lors d’une conférence de presse du 3 janvier 2023 à la Cité de la Culture. 

L’investissement privé, levier de la croissance en Tunisie, Saied estime qu’il atteindrait environ 60% de l’investissement global en 2025. Pour ce faire, il a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer le climat des affaires, et de favoriser les partenariats publics-privés, un créneau à développer. Le secteur manufacturier, qui doit atteindre 18% du PIB en 2025, sera le principal moteur de la croissance de l’investissement privé.

Or, si l’on en croit les statistiques de l’Agence de promotion de l’industrie et de I’innovation (APII), l’investissement manufacturier aussi bien dans les zones côtières du pays – principal fief de l’industrie manufacturière tunisienne – que celles des régions intérieures, n’a pas cessé de baisser, qu’il soit destiné à l’exportation ou le marché local. Preuve en est, le Bulletin de Conjoncture de l’APII durant les 11 premiers mois 2022 (contre la même période en 2021) : baisse de 4,6% des investissements industriels déclarés (2 171,8 MDT contre 2 275,6 MDT); baisse de 11,3% du nombre de projets industriels (2 721 contre 3 068); baisse de 3,1% de la création de postes d’emplois de ces projets (42 883 contre 44 238); baisse de 6,1% de la participation étrangère dans les projets industriels (824,3 MDT contre 877,4 MDT), et baisse de 12,6% de l’investissement dans les zones de développement régional (1 037,9 contre 1.187,9 MDT).

Ce qui laisse penser à la nécessité de réformer les incitations fiscales et financières accordées à ces différentes catégories, en plus de toute l’infrastructure à développer sans laquelle les dispositions de la Loi sur l’investissement ne feront pas beaucoup l’effet escompté.

A noter, dans ce contexte, que seules les exportations du secteur industriel ont augmenté de 21,7% (45 921,2 MDT contre 37 745,1 MDT), boostées surtout par les industries mécaniques et électriques.

Nous n’irons pas jusqu’à explorer le nombre d’entreprises industrielles qui ont du fermer en raison du Covid-19, à la situation agricole désespérante due à la sécheresse pour espérer une agriculture «plus verte» au cours des prochaines années, ou encore jeter un coup d’œil sur l’impact des grèves qui nuisent dangereusement à la production du phosphate durant plusieurs années.

La question qui se pose est comment peut-on espérer relever l’économie tunisienne avec toutes ces contraintes devenues structurelles ?

A. M.

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