Les relations algéro-italiennes ont toujours été excellentes. Et le gaz y est pour beaucoup. La Tunisie a, pour sa part, su tiré profit de son voisinage avec ces deux pays méditerranéens. Mais elle pourrait en tirer davantage, si elle parvient à se présenter comme un acteur incontournable du hub énergétique méditerranéen que l’Italie projette de créer
Par Imed Bahri
On sait que le gaz algérien est livré à l’Italie via le gazoduc Enrico Mattei, ou le Transmed, construit en 1983, qui traverse le territoire tunisien sur une distance de 400 kilomètres, des frontières algériennes jusqu’à la pointe nord du Cap Bon, avant de poursuivre jusqu’aux côtes italiennes. En contrepartie, la Tunisie bénéficie d’une redevance fixée à 5,25% du gaz transporté, payée en gaz ou en dollars.
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et la décision européenne de réduire sa dépendance du gaz russe, qui représentait 40% des importations italiennes, Rome a décidé de se tourner davantage vers les pays du sud de la Méditerranée pour assurer ses approvisionnements énergétiques, et dans cette optique, l’Algérie et la Libye se sont imposées comme des fournisseurs majeurs. Ce qui explique les échanges de visites au plus haut niveau entre Rome et Alger au cours des deux dernières années et les accords récemment signés entre les deux pays pour augmenter les quantités de gaz algérien fourni à l’Italie.
En 2022, Alger a exporté vers l’Italie 20 milliards de mètres cubes et on ambitionne de porter ce chiffre à 30 milliards de m3 dans les deux prochaines années, le géant public algérien des hydrocarbures Sonatrach s’étant engagé à augmenter ses livraisons de gaz au groupe italien Eni de 9 milliards de mètres cubes par an à partir de 2023. Et la Tunisie, passage obligé du gazoduc, devrait tirer profit de cette opération. Encore faut-il qu’elle sache pousser son avantage et se présenter comme un acteur incontournable du «hub énergétique de la Méditerranée» que l’Italie projette de créer en servant de relais entre les pays producteurs africains et les pays importateurs européens, dont l’Autriche, l’Allemagne ou la Pologne.
Ceci est d’autant plus possible que «le gazoduc Transmed, d’une capacité de 36 milliards de m3 par an, est encore sous-exploité», comme l’a affirmé récemment Claudio Descalzi, le patron d’Eni.
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