Les campagnes de sensibilisation au nettoyage des plages organisées de temps à autre par le ministère de l’Environnement, en collaboration avec des acteurs de la société civile, ne suffisent pas à débarrasser les Tunisiens de leurs ordures jetées dans la nature. Il faudrait des mesures fermes et draconiennes pour les décourager de se débarrasser de leurs saletés partout. (Illustration : déchets de plastique sur une plage de Djerba).
Selon les résultats d’un diagnostic préliminaire réalisé en 2021, dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre les déchets plastiques, chaque kilomètre du littoral tunisien reçoit environ 9,5 kilogrammes de plastique chaque jour.
Ce diagnostic a également révélé que les plages de Monastir, Nabeul, Mahdia, Sfax et Médenine sont les plus polluées par les déchets plastiques, a indiqué le directeur de la ‘Qualité de vie’ au ministère de l’Environnement, Awatef Larbi Messi.
S’exprimant lors d’une conférence de presse, tenue jeudi 2 février 2023, dans le cadre de l’événement Clean-up year, Messi a déclaré que son département travaille actuellement avec 11 experts de la Banque mondiale (BM) pour développer une stratégie pour un littoral sans plastique, ajoutant qu’une autre étude est en cours de préparation en partenariat avec l’Union européenne (UE) pour lutter contre la pollution plastique.
L’industrie impose ses intérêts
Pour Messi, il est temps d’appliquer le décret gouvernemental n° 32 pour l’année 2020 sur l’interdiction des sacs plastiques à usage unique, qui est bloquée depuis 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
Ce décret n’a permis d’interdire la production de sacs plastiques à usage unique qu’à partir du 1er septembre 2022.
Le décret gouvernemental du 16 janvier 2020 devrait entrer en vigueur le 1er mars 2020, pour les centres commerciaux et les pharmacies, et au 1er janvier 2021, pour tous les producteurs, importateurs, distributeurs et détenteurs de sacs plastiques.
Le Groupement professionnel de la plasturgie, qui fait partie de la Confédération tunisienne des entreprises citoyennes (Conect), a demandé au gouvernement de suspendre, jusqu’au 31 décembre 2023, l’application du décret gouvernemental n° 2020-32 du 16 janvier 2020, fixant les types de sacs en plastique dont la production, l’importation, la distribution et la détention sont interdites sur le marché intérieur, en raison des difficultés rencontrées par l’industrie.
Une goutte dans la mer
Une campagne citoyenne de sensibilisation appelée «mois du nettoyage» a été organisée du 14 août au 4 septembre. Elle a permis la collecte de 1 185 kg de déchets légers dans le cadre de 278 interventions dans les différentes régions du pays.
Cette opération a permis de collecter les déchets légers (plastique, papier, carton, verre et aluminium) qui échappent aux circuits officiels, notamment les déchets suspendus aux arbres, arbustes et buissons le long des routes et autoroutes et dans les villes.
Mais ces chiffres, pour louables qu’ils soient, sont une goutte dans la mer. Car, en Tunisie, 4,2 milliards de sacs sont consommés annuellement, dont un milliard produits localement, et sont ensuite jetés à l’air libre sans aucun recyclage. Ils garnissent le quotidien des citoyens qui les utilisent à outrance pour jeter leurs ordures partout, dans les rues des villes, les parcs publics et même dans les champs, les plages et les montagnes.
Un «mois du nettoyage» organisé par le ministère de l’environnement ne suffit pas à nous débarrasser de nos propres ordures jetées dans la nature. Nous avons besoin d’une «éternité de nettoyage» pour devenir vraiment des citoyens propres. Nous en sommes encore très loin et ces opérations, au-delà de l’effet d’annonce qui donne bonne conscience aux décideurs, ne sont que de la poudre aux yeux.
I. B. (avec Tap).
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