Noureddine Taboubi : «Kaïs Saïed appelle les Tunisiens à s’entretuer»

Noureddine Taboubi a qualifié de «posture dangereuse» le fait que le président Kaïs Saïed «s’adresse au peuple tunisien à partir des casernes et du ministère de l’Intérieur en lançant des menaces et des imprécations.»

Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) parlait aujourd’hui, vendredi 3 février 2023, à l’ouverture de la réunion extraordinaire de la Commission administrative nationale de l’organisation syndicale, devant se prononcer sur l’avenir des relations entre l’UGTT et le pouvoir et, particulièrement, l’avenir de l’initiative de salut national que la centrale syndicale avait lancée récemment avec trois autres organisations nationales.

«En lançant des menaces à partir des casernes et le ministère de l’Intérieur, le président semble vouloir dire que les forces armées sécuritaires et armées le soutiennent et soutiennent ses choix, alors que leur rôle consiste à protéger la patrie et la prémunir contre les infiltrations et les ingérences étrangères», a déclaré Taboubi, en soulignant l’échec du processus politique initié unilatéralement par le président de la république, «exprimé de manière sage et démocratique par le peuple tunisien» en boycottant les dernières législatives où le taux de participation a été de 11,4%.

«Le président aurait fait preuve de sagesse en parlant à son peuple pour le rassembler et en œuvrant à trouver des solutions à la crise économique et sociale», a aussi déclaré Taboubi, en qualifiant de dangereux que le président de la république utilise l’expression de «bataille de libération nationale» pour parler de ses opposants. «La bataille de libération nationale a été menée par nos pères, grands pères et par les forces sécuritaires et armées depuis des décennies», a cru devoir rappeler le leader syndical, en s’interrogeant : «De qui le président veut-il libérer le pays ? Veut-il le libérer du peuple ?»

Noureddine Taboubi conclut que «le président Saïed appelle le peuple tunisien de manière indirecte à s’entretuer et oppose les citoyens les uns aux autres, et pour détourner l’attention sur les maigres résultats des dernières législatives, la faible participation des électeurs à ces élections et l’échec des choix économiques et sociaux, le président s’attaque à la centrale syndicale», ajoutant, sur le ton du défi : «Nous nous y attendions. Nous savions bien que nous allions y arriver».    

I. B.

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