Les risques alimentaires en Tunisie entre 2023-2027

Dans rapport publié sur la nourriture et les boissons en Tunisie (Tunisia Food & Drink Report), Fitch Solutions présente ses prévisions pour le secteur sur 5 ans (2023-2027). Les chiffres présentés en disent long sur les risques alimentaires dans notre pays. Nous en présentons ci-dessous les grandes lignes.

Par Imed Bahri

Le rapport prévoit des gains positifs dans le segment tunisien de l’alimentation et des boissons non alcoolisées en 2023, mais avertit que plusieurs défis économiques et sociaux pèseront sur les perspectives des consommateurs.

«La montée des pressions inflationnistes, la crise de la balance des paiements et la réduction de l’accessibilité financière des importations érodent les revenus des ménages et les consommateurs du segment des revenus faibles et moyens vont devoir réduire leurs dépenses en denrées alimentaires non essentielles», souligne le rapport. Il ajoute qu’«une démographie favorable, des niveaux d’urbanisation croissants et l’augmentation du revenu disponible soutiendront les ventes d’aliments et de boissons au cours de la période de prévision jusqu’en 2027.»

Pénuries exacerbées

La croissance du PIB réel pourrait ne pas se matérialiser et les pénuries de produits alimentaires essentiels pourraient être encore exacerbées si les prix mondiaux des produits agricoles augmentent encore, avertit également le rapport.

En 2023, la croissance des dépenses alimentaires pourrait s’établir à 8,4%, portant les dépenses totales à 21,4 milliards de TND (7 milliards de dollars), après une croissance de seulement 9,1% en 2022, alors qu’une inflation moyenne prévisible de 7,3% en 2023 pourrait limiter la croissance réelle.

«La croissance des dépenses alimentaires à moyen terme sur la période 2023-2027 est actuellement envisagée à 6,9% en glissement annuel, portant les dépenses totales à 27,6 milliards de TND (7,7 milliards USD) d’ici 2027», note le rapport, ajoutant que «la dynamique sera soutenue par une démographie favorable, l’augmentation du pouvoir d’achat et l’urbanisation.»

Pour 2023, les dépenses en boissons alcoolisées en Tunisie pourraient augmenter de 9,4% en glissement annuel. Tandis que la consommation devrait croître de 3,4% d’une année sur l’autre, la reprise du secteur touristique stimulera la croissance du secteur des boissons alcoolisées, précise encore le rapport.

Les médias tunisiens rapportent que les pénuries alimentaires dans diverses régions de la Tunisie continuent de peser sur les prix et le gouvernement est aux prises avec une facture d’importation qui monte en flèche. La Libye voisine a commencé à offrir une aide alimentaire à la Tunisie en janvier alors que les pénuries alimentaires et la sécheresse pèsent sur les approvisionnements locaux.

Récoltes agricoles affectées par la sécheresse

Les précipitations entre septembre 2022 à janvier 2023 n’ont pas dépassé le cinquième de la moyenne régulière. La sécheresse, qui a été l’une des plus dures des trois dernières décennies, risque d’affecter les récoltes agricoles durant les saisons 2022/23 et 2023/24, avertit le rapport, ajoutant que, pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable, les autorités découragent les agriculteurs d’utiliser l’eau d’irrigation.

Par ailleurs, la facture élevée des importations libellées en dollars américains liée à l’alimentation pèse lourdement sur la situation déjà précaire des finances publiques alors qu’une crise de la balance des paiements se profile. Pour y faire face, le gouvernement est en train de négocier une aide du FMI de 1,9 milliard de dollars pour combler les déficits budgétaires dus à la flambée des coûts d’importation.

Le gouvernement s’efforce de réformer ses mécanismes obsolètes de subventions alimentaires malgré la montée en flèche des déficits budgétaires, l’inflation des prix et une facture d’importation élevée.

En février 2022, avec l’invasion russe de l’Ukraine et l’augmentation ultérieure des prix des matières premières, le déficit des importations alimentaires de la Tunisie s’est aggravé. En janvier 2023, le gouvernement a supprimé les taxes et droits sur les importations de beurre et de lait en poudre dans un contexte de pénurie croissante des produits laitiers.

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