«Le gouvernement assurera l’approvisionnement en produits pétroliers (gaz de pétrole liquéfié GPL, gazole et essence sans plomb) dans les meilleures conditions possibles malgré les difficultés des finances publiques», a déclaré la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Neila Gongi.
«Il n’y a pas de pénurie de produits pétroliers commercialisés en Tunisie», a-t-elle déclaré à l’agence Tap, en marge de la conférence nationale sur «La stratégie énergétique de la Tunisie à l’horizon 2035» qui s’est tenue vendredi 3 mars 2023 à Tunis.
Evoquant une éventuelle hausse des prix des carburants, la ministre a expliqué que la loi de finances a déjà prévu de nouvelles hausses en 2023, ajoutant que cette décision sera d’abord étudiée dans le cadre d’un groupe de travail technique puis au niveau gouvernemental.
«Nous essayons de tenir compte de la situation et du pouvoir d’achat du citoyen», a-t-elle déclaré, notant que quelles que soient les augmentations du prix du carburant décidées, des mesures d’accompagnement seront prises en tenant compte au maximum du pouvoir d’achat du citoyen et assurer la disponibilité de ces produits.
La neutralité carbone d’ici 2050
La nouvelle stratégie énergétique à l’horizon 2035 vise principalement à doter la Tunisie d’un approvisionnement énergétique sûr, accessible et abordable, a déclaré Mme Gongi, en soulignant que cette stratégie, qui est une version actualisée de celle élaborée en 2016, s’inscrit dans une vision abordant la question de la sécurité énergétique dans une perspective à long terme orientée vers un modèle durable.
La Tunisie cherche à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 conformément à son engagement dans le cadre de l’accord de Paris, a-t-elle indiqué.
La Stratégie nationale de l’énergie, qui a été élaborée en collaboration avec le programme des Nations unies pour le développement (Pnud), est la feuille de route de la Tunisie, a rappelé le ministre, ajoutant qu’elle s’appuie sur une vision qui conjugue les enjeux énergétiques, climatiques, économiques et sociaux.
Plus particulièrement, la stratégie comporte 4 objectifs majeurs, à savoir assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique, la décarbonation de l’économie, le développement économique et assurer une transition socialement juste, inclusive et créatrice d’emplois et de richesses et l’égalité hommes-femmes.
Mme Gongi a déclaré que la réussite de la mise en œuvre de cette stratégie dépend de l’implication de toutes les parties prenantes, secteurs public et privé et organismes financiers.
Maîtriser la demande d’énergie primaire
Présentant les grandes lignes de la stratégie énergétique, l’expert Rafik Missaoui a souligné que pour atteindre l’objectif de sécurité d’approvisionnement énergétique, il est nécessaire de maîtriser la demande d’énergie primaire (une réduction de 30% en 2030 et de 37% en 2035) , consolider les programmes d’énergies renouvelables et mettre en place les conditions propices au développement des nouvelles technologies de la transition énergétique, notamment l’hydrogène vert.
S’agissant de la décarbonation du secteur de l’énergie, qui s’inscrit dans une perspective de long terme visant la neutralité carbone, la stratégie vise à réduire les émissions de CO2 du secteur de l’énergie de 36% en 2030 et de 46 % en 2035 et à baisser l’intensité énergétique à un niveau taux annuel moyen de 3,6%.
La stratégie prévoit également l’installation d’une capacité d’énergie renouvelable de 8350 MW d’ici 2035 pour la production d’électricité.
Au plan social, la mise en œuvre de cette stratégie devrait permettre la création de 70 000 emplois d’ici 2035, dont plus de 30 000 emplois directs et le reste sera partagé entre emplois indirects et emplois induits par l’augmentation du niveau de consommation des ménages, a souligné l’expert.
Mettre en œuvre des investissements requis
Missaoui a souligné que les mesures de réforme visent à faciliter la mise en œuvre des investissements requis par la stratégie énergétique, dont essentiellement la consolidation de la viabilité financière du secteur (réforme de la tarification de l’énergie, etc.) et la relance de la production d’hydrocarbures (révision du code des hydrocarbures, repositionnement de l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap).
La Tunisie devrait servir de fournisseur stratégique d’hydrogène vert pour l’Europe, qui a besoin de près de 20 millions de tonnes en 2030, dont 10 millions de tonnes importées. Elle devrait également se positionner sur les marchés nationaux et internationaux de l’ammoniac, du méthanol et des carburants synthétiques verts, a ajouté l’expert.
La conférence nationale sur : «La stratégie énergétique de la Tunisie à l’horizon 2035» est organisée par le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie en collaboration avec le Pnud. Y ont participé les ministres de l’Economie et du Plan et des Transports et des chefs d’entreprise, des représentants d’organisations nationales et internationales et des hauts fonctionnaires tunisiens et étrangers.
D’après Tap.
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