Nous sommes tous les gardiens de l’eau

Chaque année, le 22 mars, la Journée mondiale de l’eau sensibilise le public et l’incite à agir pour lutter contre la crise de l’eau et de l’assainissement dans le monde, notamment dans les pays aux prises avec le stress hydrique comme la Tunisie. (Ph. Amine Landolsi).

Par Dr Salem Sahli *

L’eau constitue le bien environnemental le plus précieux pour la Tunisie. Nous devons le protéger et le gérer de manière durable. Nous sommes tous les gardiens de l’eau en quelque sorte. Et pour réussir une gestion durable de l’eau il faut au moins que trois conditions soient réunies : une politique éclairée, des technocrates compétents et une société civile bien informée des réalités et engagée.

La gestion durable de l’eau figure parmi les 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés en 2015 par l’assemblée générale des Nations Unies. Il s’agit de l’ODD n°6 qui vise à «Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau».

Mais que peut faire la société civile ?

La sensibilisation du public aux enjeux liés à la préservation de l’eau incombe en premier lieu aux organisations de la société civile. En effet, qui mieux que les associations de proximité pourrait informer et améliorer la compréhension des lois et des règlementations relatives à la politique de l’eau en Tunisie ainsi que des institutions en charge de cette politique; mobiliser les acteurs de l’eau et les faire se rencontrer (créer, animer et maintenir vivaces des espaces de dialogue); identifier, capitaliser et transférer les success stories, les bonnes pratiques et les expériences vécues; 1- concevoir et diffuser des outils pédagogiques locaux (et en arabe) sur le patrimoine hydrique afin de soutenir les éducateurs dans leurs activités d’éducation environnementales sur l’eau; 2- promouvoir l’approche sensible et culturelle dans les programmes éducatifs liés à l’eau; 3- accorder une place privilégiée aux femmes et aux jeunes dans la conduite des programmes de gestion locale de l’eau; 4- élaborer et mettre en œuvre des plans de communications pour sensibiliser les différents publics aux différents enjeux liés à l’eau; 5- mobiliser les médias pour amplifier les messages et toucher le large public; 6- participer au contrôle démocratique et à l’évaluation des politiques publiques de l’eau (rôle de veille citoyenne); 7- monter des projets démonstratifs de proximité en partenariat avec le secteur public et le secteur privé; 8- promouvoir le réseautage des organisations de la société civile œuvrant dans le domaine de l’environnement et du développement durable: réseau locaux, régionaux et nationaux voire internationaux; 9-apporter plus de transparence et de l’intégrité à la gestion des projets financés par les partenaires techniques et financiers (PTF) ce qui les rassure davantage et crée un environnement favorable aux investissements.

Une crise de gouvernance

Mais les capacités des organisations de la société civile – probablement les acteurs clés du futur – sont encore assez limitées, du fait qu’elles sont en phase de structuration.

La culture de communication/coopération et d’échange avec la société civile reste encore trop peu développée. La volonté politique d’impliquer la société civile existe, même si le dialogue et les partenariats restent pour l’instant encore très timides.

La gouvernance de l’eau en Tunisie a longtemps été centralisée et fortement contrôlée par le pouvoir. Le rôle de la société civile (SC) est longtemps resté timide. Il est grand temps d’opérer une transition vers des approches intégrées et transversales permettant d’instaurer une vision territoriale et une participation élargie des différents acteurs publics, privés et de la société civile est à encourager. Car, plus que toute autre question, la question de l’eau est une question éminemment pluridisciplinaire, multisectorielle et donc multi-acteurs. Elle touche à la santé, à la sécurité alimentaire, à l’agriculture, à l’économie, à l’environnement, au paysage et à l’aménagement du territoire… La création de synergies entre les différents acteurs de l’eau est essentielle.

* Président de l’Association d’Education Relative à l’Environnement de Hammamet (Aere).

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