Anis Kharbeche : «Les dernières pluies ne sauveront pas la saison agricole en Tunisie»

Les quantités de pluies tombées ces derniers jours en Tunisie sont les bienvenues, mais elles ne permettront pas de sauver la saison agricole 2022-2023, a indiqué Anis Kharbeche, vice président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche.

Ces pluies auront cependant, selon lui, des impacts positifs sur la production céréalière irriguée, les fourrages, les réserves d’eau dans les barrages et la récolte d’olive de la prochaine saison.

Le responsable syndical a estimé l’apport d’eau dans les barrages des dernières pluies à 2,7 millions de litres, mais les changements climatiques, la baisse du niveau des réserves d’eau dans les barrages et la faible pluviométrie vont avoir des impacts très négatifs sur le secteur agricole et particulièrement sur la saison céréalière en cours, dont la récolte ne dépassera pas, dans le meilleur des cas, 2,5 millions de quintaux. Le secteur de l’élevage en sera également très affecté, a-t-il également estimé.

Proclamer l’état d’urgence hydrique

Beaucoup d’agriculteurs n’ont pas trouvé suffisamment d’eau et de fourrages pour leurs cheptels bovins et ovins, sachant que les prix des aliments pour bétails ont beaucoup augmenté.

Les producteurs des légumineuses et des fruits font face eux aussi à de grandes difficultés. Les arboriculteurs ne disposent actuellement que de quantités très réduites d’eau d’irrigation pour garantir la pérennité de leur activité et la continuité de leur production.    

Pour faire face à cette situation, Anis Kharbeche a appelé le gouvernement et le ministère de l’Agriculture à soutenir les agriculteurs et à proclamer l’état d’urgence hydrique et l’état de sécheresse, ce qui requiert des mesures spécifiques.

Le responsable syndical a déploré, au passage, le fait que le gouvernement n’ait pas travaillé avec le sérieux requis sur le dossier de l’utilisation des eaux usées recyclées dans l’irrigation des cultures fourragères et des arbres fruitiers. Ni sur le dossier des grands projets de dessalement de l’eau de mer en partenariat avec des bailleurs de fonds internationaux pour utiliser ces eaux dans la consommation domestique et l’irrigation agricole.

Le gouvernement n’a certes pas de bâton magique pour régler tous ces problèmes à la fois et en même temps, mais il peut prendre des mesures d’urgence pour payer des compensations aux agriculteurs et décider des hausses exceptionnelles des prix des céréales à la production afin de garantir les semences pour la prochaine saison, a estimé le responsable syndical. Des mesures d’urgence doivent aussi être prises pour rééchelonner les dettes des agriculteurs, subventionner les fourrages et en garantir l’approvisionnement en quantités suffisantes.

Satisfaire les besoins élémentaires des Tunisiens

La Tunisie enregistre actuellement une forte baisse dans la production des légumes, comme les pommes de terre, les tomates et les piments, ce qui a poussé le ministère du Commerce à prendre des mesures pour en importer des quantités susceptibles de réguler le marché, a aussi souligné Anis Kharbeche, en affirmant que ces produits vont manquer au cours de la prochaine saison estivale. Il en sera de même, selon lui, des pastèques et des melons, en raison de la réduction des superficies qui leur sont consacrées, en raison de la faible pluviométrie et de la baisse des réserves d’eau dans les barrages et les lacs collinaires.

Le responsable syndical a appelé à réduire les cultures irriguées qui consomment beaucoup d’eau, et notamment celles destinées à l’exportation.

Anis Kharbeche a aussi appelé les autorités à actualiser la carte agricole, de manière à privilégier les cultures nécessaires à la satisfaction des besoins élémentaires des Tunisiens.

I. B.

 

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