Malgré le léger recul du taux d’inflation en Tunisie en mars 2023 à 10,3 après des hausses successives observées depuis octobre 2021, toutes les données indiquent que notre pays n’est pas à l’abri de nouvelles hausses dans la prochaine étape.
C’est ce qu’affirme l’économiste Ridha Chkondali dans un entretien à l’agence Tap, ajoutant que la légère baisse du taux d’inflation à 10,3% en mars contre 10,4 en février ne doit pas nous faire perdre de vue le fait que ce taux reste trois fois plus élevé que ce qu’il était en 2016, année au cours de laquelle a été promulguée la loi instaurant l’indépendance de la Banque centrale de Tunisie (BCT), principal responsable de la politique monétaire et qui a décidé à plusieurs reprises la hausse du taux d’intérêt directeur.
«La BCT a cru pouvoir ainsi mieux contrôler le taux d’inflation, mais les résultats réalisés prouvent l’inanité de cette politique monétaire et son inefficacité dans le lutte contre l’inflation», a indiqué Chkondali, en prévoyant de nouvelles hausses du taux directeur dans les prochains mois, la BCT ne disposant pas d’autres outils pour agir.
Selon l’économiste, le taux d’intérêt directeur qui atteint aujourd’hui 8% va aggraver les coûts financiers des entreprises, ce qui va provoquer de nouvelles augmentations des prix, et renchérir les remboursements des crédits pour le citoyens, dont le pouvoir d’achat va, par conséquent, continuer à baisser.
«Lorsque le taux d’inflation continue de s’élever pendant 20 mois successifs, on en arrive à la conclusion que l’inflation est devenue un problème structurel qu’on ne pourra pas combattre par la seule politique monétaire, dont les effets restent conjoncturels et limités», a expliqué Chkondali.
L’économiste estime que la solution à la poursuite de la hausse du taux d’inflation réside dans la conclusion de l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI), pour un prêt de 1,9 milliard de dollars sur quatre ans, qui renforcera la valeur dinar et décélèrera le rythme de l’endettement intérieur, permettant de dégager les liquidités nécessaires pour le financement des entreprises, d’autant que les dettes de l’Etat auprès des banques locales ne sont pas dépensées pour développer l’investissement mais pour couvrir des dépenses publiques, et que la poursuite de la hausse du taux d’intérêt pénalise les entreprises en augmentant leurs coûts d’investissement.
Les autres solutions à envisager sont la recherche d’autres sources de financement que le FMI, le report du programme de levée des subventions sur le carburant, la redynamisation de la production et de l’exportation du phosphate, la relance des secteurs exportateurs par des mesures conjoncturelles appropriées, afin de relever la valeur du dinar sur le marché de change, et lutter plus efficacement contre le commerce parallèle et l’économie informelle, ajoute Chkondali.
Il faut aussi espérer une décélération du taux d’inflation au niveau des grandes économies mondiales et un apaisement sur le front russo-ukrainien, de manière à faire baisser les coûts des produits de base, comme les céréales ou les huiles végétales.
I. B.
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