Document : la Liberté religieuse en Tunisie vue de… Washington

Le Département d’Etat américain vient de publier le Rapport 2022 sur la liberté religieuse dans le monde. Nous en publions ici le résumé traduit en français. On peut lire le rapport dans sa version intégrale en anglais sur le lien suivant.  

La nouvelle constitution, approuvée lors d’un référendum en juillet et entrée en vigueur en août, exige de l’État qu’il soutienne et fasse progresser les objectifs de l’islam, et stipule que «la Tunisie fait partie de la oumma [communauté ou nation] islamique», et que l’État doit travailler pour atteindre les objectifs de l’islam en préservant la vie, l’honneur, la propriété, la religion et la liberté.

La constitution stipule également que cela s’effectuera «dans le cadre d’un système démocratique». Elle affirme qu’elle garantit la liberté de croyance et de conscience, ainsi que la liberté de culte. Et exige que le président soit musulman.

En août, le ministère des Affaires religieuses (MAR) a décidé une suspension obligatoire de 10 jours de Muhammad Zein Al-Din, un imam de Nabeul, pour avoir récité des vers du Coran pouvant être interprétés comme faisant référence à «un coup d’Etat». Selon les médias, les autorités auraient vu dans le choix des vers par l’imam une référence aux actions du président Kaïs Saïed, notamment la dissolution du parlement, depuis juillet 2021, et l’approbation par référendum d’une nouvelle constitution, le 25 juillet 2022, qui consolide son pouvoir.

Dans le cadre de son rapport de novembre sur l’Examen périodique universel de la situation des droits de l’homme dans le pays, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH) a noté que le rapporteur spécial sur la liberté de religion avait recommandé au gouvernement de veiller à ce que la communauté bahá’íe soit en mesure d’obtenir une personnalité juridique. Cette étape, à son tour, permettrait aux membres bahá’ís de manifester leur foi conformément à l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).

Charte nationale pour la coexistence pacifique

Le rapporteur spécial a également recommandé aux autorités de s’attaquer aux cas d’intolérance et aux attitudes sociétales qui ostracisent les convertis. Le gouvernement a déclaré qu’il avait pris des mesures visant à élargir l’éducation aux droits de l’homme et à prévenir l’extrémisme chez les enfants et les jeunes, notamment en travaillant avec des juges, des travailleurs sociaux, des psychologues et des défenseurs de la protection de l’enfance.

Dans le cadre de l’examen, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont appelé le gouvernement à reconnaître le droit d’une personne, individuellement ou collectivement, à la liberté de religion ou de conviction, y compris le droit de se convertir; combattre les paroles de haine et les discours contre l’apostasie; protéger les minorités religieuses contre toute formes de violence et de poursuivre les auteurs de tels actes; accorder la communauté bahá’íe le droit de former une association et d’avoir ses propres cimetières; et de favoriser le dialogue interreligieux.

En janvier 2022, des représentants de nombreux groupes religieux du pays ont signé une Charte nationale pour la coexistence pacifique qui appelait à soutenir les droits des minorités religieuses à pratiquer leur foi et à promouvoir la coexistence pacifique parmi les groupes religieux. L’Association Attalaki pour la liberté religieuse et l’égalité a été derrière l’initiative, et le MAR a soutenu l’événement. L’Association Attalaki a rapporté que les communautés religieuses signataires de la charte ont fait l’objet d’insultes anonymes et de menaces de violence.

Les pressions sociétales au nom de l’islam

Les musulmans convertis au christianisme ont déclaré avoir été menacés par des membres de leur famille et d’autres personnes, ce qui reflète la pression de la société contre les musulmans qui abandonnaient leur religion. Quelques les athées ont déclaré subir des pressions sociétales pour dissimuler leur athéisme, y compris des pressions pour participer aux traditions religieuses islamiques. En octobre 2022, la chaîne de télévision Elhiwar Ettounsi a diffusé un reportage sur les chrétiens subsahariens dans le pays qui ont déclaré être perçus comme des illégaux, constituant un danger pour la société, et pratiquant la «sorcellerie et les rituels de charlatanisme.»

L’ambassadeur des États-Unis et d’autres responsables de l’ambassade des États-Unis ont maintenu des contacts réguliers avec des responsables gouvernementaux, y compris au sein de la MAR et du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, pour discuter des questions concernant la liberté religieuse et encourager la coexistence pacifique des minorités religieuses.

Les discussions ont également porté sur les efforts du gouvernement pour contrôler les activités dans mosquées, les difficultés rencontrées par les citoyens juifs, bahá’ís et chrétiens, et les rapports relatifs à des actes antisémites et des menaces contre les musulmans convertis à d’autres religions.

Tout au long de l’année, les officiels de l’ambassade ont discuté de la diversité religieuse et du dialogue avec les dirigeants des communautés musulmane, chrétienne, juive et bahá’íe.

Lire le texte intégral du rapport en anglais sous format PDF.

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