Tunisie : les familles des dirigeants islamistes incarcérés se tournent vers la justice internationale  

La fille de Rached Ghannouchi, chef du principal parti d’opposition en Tunisie et ancien président de l’Assemblée dissoute, a déposé, mercredi 24 mai 2023, une requête à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples demandant la libération immédiate de son père. (Illustration : Kaouther Ferjani et Yusra Ghannouchi. Ph. AFP).

Yusra Ghannouchi a rejoint les membres de la famille de cinq personnalités de l’opposition tunisienne détenues qui ont également demandé la libération de leurs proches.

«Nous allons épuiser toutes les options dont nous disposons pour demander justice et bien sûr nous poursuivons les affaires en Tunisie», a déclaré Mme Ghannouchi citée par The National.

Elle a déclaré que le président Kaïs Saïed «ne peut pas prétendre que la Tunisie vit dans l’isolement».

Se tourner vers le corps judiciaire africain met en évidence un manque de confiance dans l’indépendance du système judiciaire tunisien, où les juges sont régulièrement soumis à des menaces et à des pressions de la part des autorités, a-t-elle affirmé.

«Nous constatons un quasi-effondrement de l’État de droit en Tunisie et très peu de respect pour les procédures judiciaires, mais nous continuerons à demander justice là-bas également», a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : «Nous devons nous assurer qu’il n’y a pas d’impunité et que de telles violations doivent avoir des conséquences.»

M. Ghannouchi, 81 ans, fait partie d’une vingtaine de personnalités de l’opposition qui ont été arrêtées en Tunisie depuis février dernier, dont des membres du Front de salut national et d’Ennahda, mais aussi des personnalités de centre-gauche.

Selon un communiqué de presse des familles, la pétition demande que le tribunal africain pousse le gouvernement tunisien à libérer les prisonniers.

Ali Larayedh et Noureddine Bhiri, dirigeants d’Ennahdha, Ghazi Chaouachi, ancien ministre et ex-chef du parti Courant démocrate, Issam Chebbi, secrétaire général du Parti républicain, Kamel Eltaief et Khayam Turki, hommes d’affaires et activistes politiques figurent parmi les personnes détenues.

Les membres de la famille de Ridha Bouzayene, un partisan du parti Ennahdha décédé lors d’un rassemblement de l’opposition l’année dernière, demandent une enquête sur sa mort par le biais de la même pétition.

Kaouther Ferjani, fille du prisonnier Said Ferjani, a déclaré au National d’Arusha, en Tanzanie, où elle s’est envolée pour déposer la requête, qu’ils considéraient le tribunal comme «une partie neutre qui pourrait examiner l’affaire». La Tunisie est l’un des six seuls pays africains pleinement signataires de la charte de la Cour. Les citoyens tunisiens peuvent donc directement porter plainte contre l’État auprès du tribunal. «Ses décisions sont contraignantes, nous demandons donc au tribunal d’examiner l’affaire car nous savons qu’il y a des violations de la charte africaine», a déclaré Mme Ghannouchi.

D’après The National.

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