Tunisie – FMI : Giorgia Meloni à Tunis pour une mission de la dernière chance  

Le Premier ministre italien espère que son voyage à Tunis lui permettra de convaincre ses hôtes tunisiens de la nécessité d’engager des réformes économiques pour pouvoir débloquer l’accord avec le FMI. Mais Kaïs Kaïed l’entendra-t-il de cet oreille ?

Par Imed Bahri

Le Premier ministre italien Giorgia Meloni, arrivée à Tunis ce mardi 6 juin 2023 pour une visite de quelques heures au cours de laquelle elle doit s’entretenir avec le Premier ministre tunisien, Najla Bouden, puis le président de la république Kaïs Saïed, espère progresser sur la voie du déblocage d’un prêt du Fonds monétaire international (FMI) pour la Tunisie, rapporte Reuters en citant deux sources diplomatiques à Rome.

L’Italie craint que sans les fonds promis par le FMI, qui ouvriraient la voie à d’autres financements internationaux dont elle a besoin, la Tunisie soit confrontée à une crise financière pleine et entière qui pourrait pousser une nouvelle vague de migrants à travers la mer Méditerranée à la recherche d’une vie meilleure en Europe.

Des réformes difficile à mettre en œuvre

Les pourparlers entre la Tunisie et le FMI pour un prêt de 1,9 milliard de dollars sont au point mort depuis décembre 2022, le président tunisien Kaïs Saïed rejetant les conditions clés de l’accord proposé, et notamment la réduction des subventions, la restructuration des entreprises publiques en difficulté et la réduction de la masse salariale dans le secteur public, réformes sur lesquelles la Tunisie s’était pourtant engagée dans ses négociations avec l’institution prêteuse internationale.

Saïed s’est emparé de la plupart des pouvoirs en 2021, gelant le parlement et dirigeant le pays par décret. Il n’a montré que peu d’intérêt pour la politique économique sauf pour expliquer les problèmes de la Tunisie par la corruption.

En février, il a demandé aux forces de sécurité d’expulser tous les immigrés illégaux, dénonçant ce qu’il a dit être un complot visant à changer la démographie de la Tunisie en la rendant plus africaine et moins arabo-musulmane.

La répression qui en a résulté a contribué à augmenter les départs de migrants vers l’Italie. Environ 26 555 sur les 51 215 migrants qui ont atteint l’Italie par bateau la première semaine de juin de cette année avaient pris les voiles depuis la Tunisie, selon les dernières données des Nations Unies, contre 3 658 au cours de la même période de 2022.

Mission de la dernière chance

Une source gouvernementale à Rome a déclaré que l’Italie voulait commencer à débloquer une partie du financement international à la Tunisie en échange de réformes progressives, dans un effort pour améliorer rapidement la situation économique du pays. Et c’est apparemment à cette tâche que s’attèle Meloni et qu’elle espère voir couronnée de succès au terme de sa courte visite à Tunis. Souhaitons-lui bonne chance !

Meloni, qui a pris ses fonctions en octobre dernier, a déjà visité les deux voisins de la Tunisie, l’Algérie et la Libye, deux pays également concernés par la question migratoire mais où l’Italie a de gros intérêts, plutôt économiques, liés à l’approvisionnement en pétrole et gaz naturel.

Meloni espère d’autant plus avancer sur la question migratoire avec la Tunisie, moyennant une aide technique et sécuritaire, que sa coalition de droite avait promis d’être dure sur la migration par voie maritime, mais le nombre de nouveaux arrivants a plus que doublé cette année, mettant son gouvernement sur la défensive.

(Avec Reuters).  

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