Les indices de perception de la corruption (31,4/100), du climat politique (31,8/100), du financement bancaire (32,2/100) et du climat social (32,8/100) représentent les principaux obstacles pour le développement du commerce en Tunisie.
Ces résultats ne s’appliquent pas à la seule année 2022 mais ils remontent à 2018 durant laquelle ces domaines constituaient les 4 principaux défis au climat des affaires, explique une enquête sur le climat des affaires et la compétitivité des entreprises publiée récemment par l’Institut tunisien de compétitivité et études quantitatives (Itceq).
Il reste cependant à se demander à quoi servent ce genre d’études dont les résultats se suivent et se ressemblent sans que des mesures concrètes ne soient prises par l’Etat pour lever les obstacles ainsi désignés et améliorer le climat des affaires, lequel continue paradoxalement de se détériorer.
On est fort en théorie et nuls en pratique : on sait ce qu’il faut faire pour améliorer les choses, mais pourquoi on ne le fait pas ? C’est la question à laquelle notre cher gouvernement se doit de répondre.
Cette 22e édition a été réalisée entre le 17 juin et le 22 juillet 2022, sur un échantillon de 1 041 entreprises privées structurées (employant 6 salariés ou plus), opérant dans l’industrie et dans les services et réparties sur l’ensemble du territoire tunisien.
La corruption, une contrainte majeure
Les résultats de cette 22e enquête révèlent que les chefs d’entreprise ont une perception de plus en plus négative de la corruption dans l’administration publique, 70% la considérant comme un défi majeur.
Selon l’enquête, la corruption est davantage dénoncée par les petites entreprises que par les autres.
L’analyse basée sur la taille des entreprises montre que la corruption pèse beaucoup plus sur les petites entreprises (72%) que sur les moyennes et les grandes (respectivement 61 et 63%).
La complexité des procédures administratives et leur lourdeur sont à l’origine de la corruption généralisée, ont indiqué les auteurs, ajoutant que la lutte contre ce phénomène gagnerait en efficacité avec la promotion de la numérisation des services administratifs susceptibles de réduire la bureaucratie et de minimiser les interactions directes entre l’usager et l’agent public.
La Tunisie a vu la probabilité de demander des pots-de-vin au secteur privé augmenter de 4 points, passant de 413 en 2021 à 45 en 2022, plaçant ainsi la Tunisie en 76e position, contre 68e en 2021.
Or, la numérisation doit s’accompagner de réformes institutionnelles afin d’accroître la transparence et l’interopérabilité, de favoriser la responsabilisation et de consolider la politique dissuasive, soulignent les auteurs de l’enquête.
Les entreprises devraient également mettre en place des codes de conduite et sensibiliser leurs employés à l’éthique des affaires afin de modifier les comportements et de prévenir la corruption.
Les entreprises ne sont pas en mesure d’avoir une vision claire pour lancer des projets d’investissement. Les enquêtes montrent que 63% des entreprises n’ont pas investi depuis 2020, 63% en raison de l’absence d’une vision économique claire à long terme et plus de la moitié (53%) font référence à l’instabilité politique.
Le financement bancaire, un obstacle persistant
L’indice de financement bancaire de la Tunisie poursuit sa tendance baissière pour atteindre 32,2/100 en 2022, enregistrant une baisse de 6,4 points par rapport à 2020, a précisé la même source.
Concernant l’accès au financement, 54% des entreprises tunisiennes interrogées en 2022 en subissent les contrecoups, contre 50% en 2020. Même les grandes entreprises se plaignent de plus en plus de l’accès au crédit.
Pour ces entreprises, le coût du financement bancaire est trop contraignant, alors que 78% d’entre elles affirment que ce coût est considéré comme un obstacle majeur en 2022 contre 74% en 2020.
«Le défi d’accéder au financement est plus difficile en Tunisie que dans n’importe quel pays de la région Mena», souligne l’enquête, qui appelle à l’adoption de réformes financières capables de réduire le rationnement du crédit, notamment par le développement de l’activité des bureaux de crédit privés, la réforme du système de garantie et la promotion de modes de financement alternatifs tels que le capital investissement et le financement participatif.
La contrainte du climat d’entreprise
L’indice du climat social poursuit sa tendance baissière pour s’établir à 32,8/100 en 2022, indique l’enquête.
Ce domaine se classe ainsi au 4e rang des contraintes les plus sévères sur le climat des affaires.
Les contestations sociales sont considérées par près des 2/3 des chefs d’entreprise tunisiens comme un enjeu majeur pour leur entreprise. Son acuité est beaucoup plus ressentie par les grandes entreprises (71%) que par les petites et moyennes entreprises.
Cette instabilité de la situation sociale dans le pays est jugée d’autant plus préjudiciable que les grèves de l’exercice 2021 ont été à l’origine de la rupture de la chaîne d’approvisionnement pour 38% des entreprises concernées. L’enquête montre qu’en termes de taille, ce taux monte à 52% pour les grandes entreprises.
I. B. (avec Tap).
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