Silvia Finzi : «La Tunisie qui a sauvé les juifs toscans est en proie au racisme anti-noirs»

Dans un entretien au célèbre journal italien La Repubblica, Silvia Finzi, héritière d’une famille italienne réfugiée à Tunis en 1829 où elle a fondé et dirigé le Corriere di Tunisi, a déclaré : «La Tunisie qui nous a sauvés les juifs toscans est désormais en proie au racisme contre les noirs».

«Les Tunisiens sont ouverts et accueillants, mais les Subsahariens sont devenus le bouc émissaire d’une grave crise économique», a déclaré Finzi dans cet entretien publié le 8 août 2023, où elle semble justifier le racisme des Tunisiens, qu’elle connaît très bien pour les avoir fréquentés toute sa vie, par les difficultés économiques auxquelles ils sont confrontés.

«Dans cet enchevêtrement de rues étroites, où le quartier du Kram s’étire vers la mer, se trouvent quelques vieilles maisons aux jardins fleuris, où vivaient autrefois les Cardoso, Lévis et Moreno. C’étaient les juifs toscans de Tunis. ‘‘Je suis la seule qui reste’’, dit Silvia Finzi, 68 ans. Sa famille est venue de Livourne sur ces plages en 1829», raconte la Repubblica en introduction de l’entretien.

En 1710, les juifs livournais de Tunis, les grana (en arabe) ou gorneyim (en hébreu), sont reconnus officiellement par la dynastie régnant en Tunisie comme nation. Ils parlent et écrivent l’italien, s’habillent à l’européenne, se marient entre eux et possèdent leurs propres rites, synagogues, rabbins et cimetières. 

La ville de Tunis est d’ailleurs particulièrement prisée des Juifs livournais car, considérés comme sujets du grand-duc de Toscane, ils y bénéficient d’un statut juridique privilégié. Ils sont soustraits à la législation locale et ne sont pas soumis au statut de dhimmi, contrairement aux juifs autochtones,  les twânsa, qui eux parlent tous le judéo-arabe et s’habillent à l’orientale. 

D’autres vagues d’Italiens ont suivi les Livournais à partir de la première moitié du 19e siècle, notamment des Siciliens, mais pas seulement. Au début des années 1900, il y avait plus de 100 000 Italiens, mais ils ne sont plus maintenant que quelques milliers. La plupart ont quitté la Tunisie pour la France la veille et après l’indépendance en 1956.

En plus des Italiens, la Tunisie a vu beaucoup d’autres communautés, fuyant souvent la persécution ou la pauvreté chez elles, vivre et coexister sur son territoire : Espagnols, Maltais, Grecs, Russes et autres.  

C’est cette belle histoire d’ouverture et de tolérance qui vient d’être entachée par le comportement de certains Tunisiens qui se sont découvert, soudain, des âmes de racistes et de xénophobes.  

I. B.

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