Tunis : malgré l’interdiction, les Destouriens manifestent… contre les journalistes !

Abir Moussi et les Destouriens partent en guerre contre les médias tunisiens, qu’ils accusent d’être au service du pouvoir en place, et offrent ainsi à ce dernier lopportunité inespérée de se présenter comme le protecteur des journalistes. Cherchez l’erreur !

Par Imed Bahri

Dans un communiqué diffusé ce dimanche 3 septembre 2023, le gouvernorat de Tunis a affirmé avoir interdit la marche de protestation que le Parti destourien libre (PDL) projetait d’effectuer, aujourd’hui matin, au centre-ville de Tunis. Vidéo.

La marche était prévue à partir de 10 heures et devait partir de l’avenue de la Liberté, devant le siège de la Radio nationale, pour rejoindre le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), une centaine de mètres plus loin, sur l’avenue des Etats-Unis, où la présidente du parti, Abir Moussi prévoyait de prononcer un discours devant ses partisans. La marche devait s’achever par un sit-in devant le siège du SNJT qui se poursuivrait jusqu’au soir du mardi 5 septembre.

Le gouvernorat de Tunis affirme avoir examiné la demande du PDL et décidé d’interdire le rassemblement et le sit-in devant le siège du Syndicat des journalistes, estimant que cela «portait atteinte à la liberté de circulation et à la liberté du travail» (sic), et pour «éviter toute menace à la sécurité des citoyens» (resic).

Bien entendu, l’interdiction de l’expression pacifique des partisans de Mme Moussi n’est pas perçue par les responsables du gouvernorat de Tunis – qui attend toujours la désignation d’un nouveau gouverneur après la nomination du précédent, Kamel Feki au poste de ministre de l’Intérieur – comme une atteinte à leur liberté d’expression. Oh que non !

On peut toujours discuter de l’opportunité de la démarche des Destouriens qui, en portant leur colère sur les journalistes, se trompent visiblement d’adversaires et s’en attirent inutilement d’autres, dont ils se seraient bien passés, mais on ne peut que déplorer le comportement des autorités publiques qui, à ce rythme-là, vont bientôt tuer toute activité politique et empêcher toute expression libre et indépendante dans le pays. On n’en est déjà pas très loin, ce dont témoignent tous les rapports des organisations internationales sur la Tunisie.

Pour revenir à la marche d’aujourd’hui, disons qu’au moment où nous mettions en ligne, les manifestants de PDL étaient rassemblés devant le siège de la Radio nationale, brandissaient des pancartes dénonçant les «médias de la honte», qu’ils accusent de s’être tous mis au service du pouvoir en place, et criant des slogans contre ce dernier, notamment celui-ci repris en refrain «Sale temps pour le dictateur», dans une limpide allusion au président de la république Kaïs Saïed.

Vidéo.

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